Le 28 novembre 2015
Une oeuvre étrange et courageuse, qui souffre de postulats de départs louables mais qui finissent par l’étouffer et piéger le spectateur.
- Réalisateur : Nicolas Saada
- Acteurs : Louis-Do de Lencquesaing, Stacy Martin, Gina McKee
- Genre : Drame
- Date télé : 19 octobre 2016 20:50
- Chaîne : Canal + Cinéma
- Date de sortie : 2 décembre 2015
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Une oeuvre étrange et courageuse, qui souffre de postulats de départs louables mais qui finissent par l’étouffer et piéger le spectateur.
L’argument : Louise a dix-huit ans lorsque son père doit partir à Mumbai pour son travail.
En attendant d’emménager dans une maison, la famille est d’abord logée dans une suite du Palace Taj Mahal.
Un soir, pendant que ses parents dinent en ville, Louise, restée seule dans sa chambre, entend des bruits étranges dans les couloirs de l’hôtel.
Elle comprend au bout de quelques minutes qu’il s’agit d’une attaque terroriste.
Unique lien avec l’extérieur, son téléphone lui permet de rester en contact avec son père qui tente désespérément de la rejoindre dans la ville plongée dans le chaos.
Notes : Malgré la tragédie qui a meurtri la France dansa chair, le distributeur Bac Films à décider de maintenir la sortie en salle de Taj Mahal le 2 décembre 2015. Voici le communiqué du distributeur justifiant sa décision.
« Tourné l’année dernière, le film retrace l’histoire vraie d’une française de 18 ans prise dans l’attaque de l’hôtel Taj Mahal pendant les attentats à Mumbai en Novembre 2008, au cours desquels 164 personnes furent assassinées. L’idée du film est née de la rencontre de Nicolas Saada avec cette jeune fille et de sa volonté d’épouser le strict point de vue de la victime.
Nous nous sommes demandés si dans cette période éprouvante que nous traversons tous, il y avait de la place pour ce film, si distancé soit-il, quitte à en repousser la date de sortie.
Mais nous pensons que face à l’obscurantisme, à la terreur, à l’indicible, le Cinéma est là pour ouvrir au dialogue. Il nous permet dans ces moments difficiles de regarder le monde tel qu’il est.
Et nous sommes certains que reculer aujourd’hui, c’est capituler demain.
C’est pourquoi nous avons décidé, en accord avec le producteur du film, Patrick Sobelman, et avec Nicolas Saada de maintenir la sortie du film au 2 Décembre.
Notre avis : Nicolas Saada, personnage éminemment sympathique qui a enchanté nos fins de week-ends il y a quelques années sur Radio Nova avec ses chroniques de musiques de film, ou qui nous appris à aimer le cinéma Américain et le cinéma de genre lorsqu’il était critique aux Cahiers du cinéma dans les années 90, est désormais réalisateur. Il nous avait relativement séduit en 2007 avec son précédent long-métrage Espion(s) avec Geraldine Paillas et Guillaume Canet, même si déjà à l’époque, le polar d’espionnage peinait à décoller par la faute d’un style certes élégant mais un peu austère et timide. Ce deuxième long-métrage, honorable, vient toutefois confirmer certaines faiblesses de son cinéma en construction.
Dans de longues scènes d’exposition, avant de faire éclater le drame du terrorisme et de la terreur pure, Nicolas Saada prend le parti de présenter son décor (Bombay, ou une suite interminable de vignettes montée sans rythme et sans odeur/couleur), ses personnages (une famille mondialisée à laquelle on ne s’attache pas tant elle ne semble uniquement exister que pour permettre au père d’accomplir sa carrière professionnelle) et surtout son actrice principale (Stacy Martin, au jeu peut-être trop frêle et fade). Cette longue exposition censée nous faire rentrer dans l’histoire et nous faire ressentir de l’attachement pour ces personnages, ne remplit pas ses objectifs et nous laisse peu à peu dans la marge, rendant toute empathie difficile. Si bien que, quand l’intrigue commence vraiment, quand les terroristes attaquent l’hôtel, on ne s’attend plus à rien.
(C) Bac Films
Pourtant, c’est là que le film révèle ses plus grandes qualités : probablement autant par choix esthétique que par un parti pris narratif qui lui a peut-être été imposé par un certain manque de moyens. Saada filme alors les attaques uniquement de l’intérieur de la chambre d’hôtel et parvient parfois à créer une certaine tension par un usage subtil et travaillé du son (notamment des explosions), et de la lumière (de la salle de bains de l’hôtel). Il réussit alors certains beaux moments, et même si on ne rentre pas vraiment dans le feu de l’action, on se prend à apprécier certains passages comme ce plan large sur la façade de l’hôtel en proie aux flammes qui rappelle certains films de Dario Argento (d’Inferno ou Phenomena) ou cette idée du mari d’une touriste italienne qui essaie de secourir sa légitime et à qui il arrive une mésaventure assez pathétique (même si Saada gâchera cette belle idée à la fin du film…).
Même si on attendra le prochain opus de Nicolas Saada et qu’on garde pour lui une certaine affection, on lui saurait gré de s’inspirer vraiment de ces metteurs en scène de genre qu’il a tant soutenus en se lâchant davantage.
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