Svinalängorna - Pernilla August - critique

Critique : Le roman éponyme de Susanna Alokoshi de 2006 peut se traduire par "La rangée de porcs", qui fait référence au surnom d’un projet immobilier de barres d’immeubles construites dans la ville d’Istad. C’est là qu’étaient venus s’installer les parents finlandais de Leena, plusieurs années plus tôt, avec elle et son petit frère Sakari. Malgré leur bonne volonté et leur convivialité du début, Kimmo le père ne va pas trouver de travail et s’enfoncera dans l’alcool, cependant qu’Aili, la mère, ne trouvera que des ménages.

Le récit alterne les deux époques : la première évoque le personnage de Leena, la trentaine, qui, poussée par son mari, va faire le voyage pour retrouver cette mère contre laquelle elle est fâchée ; l’autre période saisit la même Leena, adolescente, tentant de se construire malgré la désagrégation du couple parental, tout en protégeant son petit frère traumatisé par les cris et les coups que le père distribue sans discernement.
La mise en scène distille une forme de suspense familial autour de la protagoniste qui, adulte, semble aussi insensible à le requête de sa mère, visiblement en fin de vie. Petit à petit, on va comprendre les traumatismes que son petit frère et elle ont pu subir dans cette famille déracinée.
La réalisatrice Pernilla August, ex-épouse de Bille August, lauréat de deux Palmes d’Or, dont c’était ici le premier long métrage, s’est d’abord fait connaître comme actrice, notamment chez Ingmar Bergman ou encore dans des épisodes de la saga Star Wars. Elle avait gagné le prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes pour Les meilleures intentions, seconde palme de son ex. Pour ce premier essai, elle fait preuve d’une belle maîtrise, usant de beaucoup de tact afin d’évoquer un sujet difficile.

Noomi Rapace, à la veille de son interprétation de Lisbeth Salander, dans la série des Millenium, fait passer une belle palette de sentiments dans ce rôle de femme hantée par les souvenirs de sa jeunesse.