Le 29 octobre 2021
Le deuil impossible d’une mère envahissante transfigurée par des situations cocasses. Pour son premier long métrage, Nathanaël Guedj trouve globalement la note juste.


- Réalisateur : Nathanaël Guedj
- Acteurs : Noémie Lvovsky, Félix Moati, Sara Giraudeau
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Durée : 1h27min
- Date télé : 29 octobre 2021 21:00
- Chaîne : Arte

L'a vu
Veut le voir
Résumé : Monique s’apprête à refaire sa vie au Japon, et l’annonce à son fils Max, un ophtalmologiste, lors de leur soirée d’anniversaire en commun. Peu après, elle est terrassée par une crise cardiaque. Le garçon est sous le choc. Mais au cimetière, Max voit apparaître sa mère en kimono ! Le trentenaire la voit alors dans son quotidien, hanté par son souvenir. Il s’isole peu à peu de ses amis JC et Oedipe. Ces derniers préviennent Ohiana dont Max est tombé follement amoureux. La jeune femme, psychothérapeute, accepte par amour la situation...
Critique : Tout commence par une soirée d’anniversaire fastueuse, avec pièce montée et applaudissements de rigueur. Monique, stéréotype de la mère juive et Max, le fils, nés à quatre jours d’intervalle, célèbrent l’événement ensemble. Puis, lorsque la fête se termine, en cuisine, la confidence accompagne la pause clope : Monique est tombée amoureuse et veut partir au Japon. L’aveu provoque l’incrédulité du rejeton, un trentenaire fils à maman, dont l’un des potes s’appelle évidemment Œdipe, si l’on n’avait pas compris la situation. Le téléfilm se traîne mollement les premières minutes.
Puis le drame survient : la disparition de la figure maternelle entraîne la béance sur laquelle se posent les mots d’Albert Cohen, lors d’un enterrement que contamine la présence de la défunte, fantôme sans cesse matérialisé, commentateur ironique des condoléances adressées au fils meurtri.
Dès lors, la morte ne quitte plus Max et l’isole symboliquement, dans un oxymorique deuil de sa présence. Les proches s’inquiètent, de manière légitime. La relation sentimentale entre le jeune homme et sa petite amie, une psychothérapeute, en est fortement impactée...
A la jonction d’un film de Woody Allen et d’une nouvelle de Marcel Aymé, le scénario capitalise sur cet attelage troublant, transfiguration artistique d’une expérience universelle qu’illuminent le jeu de Noémie Lvovsky et de Sara Giraudeau, tout comme la composition de Félix Moati dans le rôle d’un candide immature. En dépit de quelques facilités scénaristiques, le premier long-métrage de Nathanaël Guedj est une œuvre globalement touchante.