Le 19 mars 2019
Un film inégal qui ne s’attarde pas suffisamment sur la condition d’artiste, se perdant dans les méandres d’un scénario alambiqué.
- Réalisateur : Dennis Berry
- Acteurs : Nadia Tereszkiewicz, Catarina Wallenstein
- Genre : Drame, Romance, LGBTQIA+
- Nationalité : Français, Portugais
- Distributeur : Alfama Films
- Durée : 1h32mn
- Date de sortie : 20 mars 2019
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Résumé : Nora sort de prison. Elle n’a qu’une seule idée en tête : retrouver une jeune artiste néo-punk qu’elle admire, Léa. Miroir l’une pour l’autre, elles vont s’aimer. Poètes, elles se perdent, se retrouvent, se trahissent. Passion folle et bataille acharnée pour trouver ensemble la beauté.
Notre avis : Bienvenue dans le Mother ! du pauvre ! C’est en substance l’une des seules références que l’on pourra retenir du nouveau long-métrage du réalisateur, acteur et scénariste américain Dennis Berry. Figure de la Nouvelle Vague, ayant collaboré aussi bien avec Jean-Paul Belmondo qu’avec Anna Karina, son épouse depuis 1982, c’est sur le petit écran que Dennis Berry fera ses armes en collaborant principalement sur des séries comme Highlander, Léa Parker ou encore Duval et Moretti, et sur des téléfilms comme La Main Blanche, qui mettait en vedette Ingrid Chauvin en 2008.
Produit par la figure du cinéma d’auteur Paulo Branco, Sauvages réunissait sur le papier toutes les conditions requises pour être un long-métrage de premier ordre, qui servirait de point d’ancrage à une nouvelle génération de cinéphiles d’une part, et à des artistes plasticiens d’autre part ; une manière de parler enfin des coulisses et des difficultés qu’ils rencontrent. Mais en voulant parler de trop de sujets, le scénario se perd dans son propos dès les premières minutes d’un film qui semble interminable tant il est dès ses prémices bien difficile de comprendre où il veut en venir.
- © Alfama Films
L’histoire se concentre sur Léa, une jeune artiste londonienne qui, à la suite d’une aventure sentimentale avec un mineur ayant fait les choux gras de la presse à scandale, s’est réfugiée au Portugal dans une grande et belle maison où elle espère trouver le repos et le calme nécessaire pour créer de nouvelles œuvres. Sa retraite est d’abord interrompue par Nora, jeune paumée tout juste sortie de prison, bientôt suivie par son frère, puis par son ex-petit ami. Tout ce petit monde se revendique marginal tout en vivant au crochet d’une jeune femme submergée par un flot de visites dont elle n’a pas besoin. Ne sachant plus comment se dépêtrer d’une situation qui l’étouffe, à l’instar d’une Jennifer Lawrence dont la propre demeure ne semble plus lui appartenir dans le controversé Mother ! de Darren Aronofsky, Catarina Wallenstein doit porter sur ses frêles épaules toute l’ambition d’un film qui veut parler à la fois d’art contemporain, d’homosexualité, de harcèlement sexuel, de marginalité, de la jeunesse en général et de son rapport à l’argent en particulier.
- © Alfama Films
A l’image d’un scénario qui ne va jamais au fond de son propos, comme s’il craignait de faire face à ses nombreuses contradictions, les personnages ne sont dépeints qu’à demi, ce qui est déjà suffisant pour les trouver insupportables. La réflexion sur la marginalité est plombée par sa représentation, tant ce groupe de jeunes dont les convictions s’envolent à la vue du premier billet vert venu semble surtout composé de profiteurs qui abusent de l’hospitalité de la première personne vulnérable qu’ils ont l’opportunité de croiser.
De même, il est bien difficile de croire à l’histoire d’amour entre les deux femmes, présentée malgré tout comme l’un des principaux attraits d’un film dont la mise en scène ne rattrape pas des défauts qui sautent aux yeux. La bande originale, composée de chansons pop, folk et punk qui apportent du dynamique là où il n’y en a pas, pâtit d’un son inégal qui rend même l’audition de certains dialogues pénible. Trop mécanique, le reste du film ne parvient pas à insuffler de l’émotion là où les sujets évoqués le méritaient amplement.
- © Alfama Films
Reste tout de même une réflexion intéressante sur le monde de l’art et ses travers. Présentées comme de simples marchandises, ce qu’évoque le port commercial près duquel vit la jeune héroïne, les créations de l’artiste sont en devenir, au point que le long-métrage parvient à montrer les doutes qui hantent des artistes contemporains soumis à un monde dont ils ne saisissent pas toujours les codes. Si le film s’était articulé autour de ce thème, au lieu de se perdre dans des prémices de réflexions sur trop de sujets différents, il aurait pu évoquer le mal-être des jeunes artistes actuels dont l’art et son univers impitoyable (pour ne pas dire sauvage) parlent trop peu. Il faudra en rester là ; jusqu’à l’œuvre suivante.
- © Alfama Films
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