Le 13 février 2024
Une fable indigeste, sauvée de justesse par l’interprétation toute en nuances d’Andrew Scott.
- Réalisateur : Andrew Haigh
- Acteurs : Jamie Bell, Andrew Scott, Claire Foy, Paul Mescal
- Genre : Drame, Fantastique, Romance, LGBTQIA+
- Nationalité : Américain, Britannique
- Distributeur : The Walt Disney Company France
- Durée : 1h45mn
- Titre original : All of Us Strangers
- Date de sortie : 14 février 2024
L'a vu
Veut le voir
Résumé : À Londres, Adam vit dans une tour où la plupart des appartements sont inoccupés. Une nuit, la monotonie de son quotidien est interrompue par sa rencontre avec un mystérieux voisin, Harry. Alors que les deux hommes se rapprochent, Adam est assailli par des souvenirs de son passé et retourne dans la ville de banlieue où il a grandi. Arrivé devant sa maison d’enfance, il découvre que ses parents occupent les lieux, et semblent avoir le même âge que le jour de leur mort, il y a plus de trente ans...
Critique : Il est parfois bien difficile de dire ce qui semble motiver un réalisateur à penser, écrire et réaliser un film ; Andrew Haigh, notamment connu pour le très beau 45 ans, signe ici une œuvre qui laisse perplexe, même si elle laisse deviner un lien personnel en filigrane.
Tout en non-dits vaporeux, ce récit de fantômes contemporain n’arrive jamais à trouver le ton juste à force de vouloir jouer sur tous les tableaux : romance LGBT, drame sur le temps qui passe, film fantastique aux contours de science-fiction, aventure thérapeutique et donc film de fantômes, Haigh cherche à cocher toutes les cases du divertissement poético-moderne, avec des références à Lynch et Wong Kar-wai à l’appui, le tout caramélisé dans une esthétique publicitaire à moitié disneyienne.
- Andrew Scott
- © 2023 20th Century Studios. All Rights Reserved.
À force de tubes musicaux, de reflets lumineux sur des grandes baies vitrées, d’opposition sociale entre la grande tour moderne aux destins solitaires et le retour vers la famille disparue dans les faubourgs d’une banlieue londonienne, on se demande vite ce que l’auteur veut nous dire : que nous sommes seuls au monde, et que seul l’amour nous répare ? Que l’idée de classe sociale est une construction mentale ? Que la dépression et le deuil sont des phases d’apprentissage ? Impossible de démêler un semblant de discours dans cette histoire incohérente, dont la seule originalité est de se forcer à concentrer l’image sur les intérieurs désincarnés plutôt que de céder à une tentation londonienne. La ville, hors-champ, y apparaît comme un territoire impossible face à la solitude ontologique des humains ; et c’est la force du film que de créer un sentiment dystopique sans jamais recourir à des effets foncièrement reliés au genre fantastique.
Mais à force de mêler les temporalités, les morts et les vivants, le rêve et la réalité, Sans jamais nous connaître perd le fil et l’attention envers ses personnages, dont la trajectoire dépressive et linéaire finit par sonner comme un aveu d’impuissance face aux grands thèmes de l’isolement et de l’identité : nulle vibration du désir et des sentiments, ni véritable confrontation entre défunts et vivants, laissés dans un arrière-plan sans enjeux. Noyés dans cette improbable histoire, les acteurs font mine de mettre du contenu dans leurs verres vides ; Andrew Scott, émouvant et nuancé, y mérite bien des honneurs.
Galerie photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.