Pet (L’Étrange Festival 2016) : la critique du film

Copyright Revolver Picture Company

Carles Torrens, réalisateur de Pet, revient de loin. Après plusieurs réalisations passées relativement inaperçues, le bonhomme succombe à la mode du found-footage avec Emergo (ou Apartment 143 à l’international). Le long-métrage connaît une sortie restreinte aux USA, d’où un score a priori désastreux, à savoir la somme ridicule de 383 dollars de recettes, à peine améliorée dans le reste du monde. C’est donc davantage en VOD que film parvint à trouver in fine son audience, comme beaucoup de produits fauchés. Toutefois, le Catalan persévère et trouve grâce aux yeux des festivaliers qui ont pu découvrir son court métrage, Sequence en 2013. De quoi en tout cas le remettre sur rail pour un longplus ambitieux, en l’occurrence Pet, présenté à l’Etrange Festival 2016, après un accueil plutôt concluant, au printemps, au South by Southwest Film Festival.
Désormais accompagné par le scénariste Jeremy Slater (Lazarus Effect et la série L’Exorciste), l’actrice Ksenia Solo (vue dans Orphan Black ainsi que Black Swan) mais surtout Dominic Monaghan (Merry dans Le Seigneur des Anneaux et Charlie Pace dans Lost), le cinéaste bénéficie donc de pro dans l’affaire et se saisit de ses talents pour livrer son oeuvre la plus aboutie à ce jour.

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Les premières minutes du film sont plutôt classiques. On y suit Seth, employé dans un refuge animalier qui, alors qu’il rentrait chez lui en bus, est foudroyée par la séduisante Holly (Jennette McCurroy). Coup de foudre immédiat. Ce dernier va alors tout faire pour la séduire, quitte à muer en inquiétant stalker pervers. Nous sommes ici en terrain connu, les thrillers mettant en scène ce genre d’énergumène étant fréquent (on pense notamment à l’hitchcockien Malveillance de Balaguero, pour les plus récents). Mais Pet se distingue très vite dans l’approche, entre malaise et humour (noir) plutôt aiguisé.
Puis le couperet tombe, dans le perturbant, à savoir la capture de la protagoniste qui se retrouve enfermée dans une cage pour chiens par son admirateur fou. L’on craint alors de voir le long-métrage se changer en film de captivité comme au temps du torturn-porno movie, durant la première décennie des années 2000, mais le loufoque gentiment brossé parvient à ne pas y sombrer totalement et donc à préserver l’intérêt de la chose. Il faut diree que le script de Jeremy Slater n’a pas encore dévoilé tous ses atouts, et à mi-film les cartes sont redistribuées, certes, non sans maladresse, mais au moins l’intérêt du film est-il totalement relancé.

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Pet mise donc beaucoup sur ce twist et la relation vicieuse qui se créer entre ses deux protagonistes. Relation qui va permettre au thriller de série B de jongler avec les genres, passant du thriller lambda à des scènes de pures boucheries horrifiques lorgnant vers le grand-guignol. Le tout est foncièrement fun, bien qu’entaché par quelques maladresses d’écriture (parmi lesquelles comptent certains dialogues dont on ne sait pas trop s’il faut les prendre ou non au second-degré).
Pet est donc un thriller honorable aux pistes intéressantes, qui saura sans doute faire passer Carles Torrens au niveau supérieur. De quoi à le sortir en salle en France, on reste dubitatif. Le film de festival fera merveille en VOD.