Le 18 juillet 2023
Derrière cette histoire apparente d’amour entre un père et sa fille, se cache un drame sournois et effrayant. Angela Ottobah réalise une première œuvre originale et déroutante.
- Réalisateur : Angela Ottobah
- Acteurs : Finnegan Oldfield, Annabelle Lengronne, Sophie-Marie Larrouy, Aline Helan-Boudon, Océan, Salomon Diallo
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Distributeur : Arizona Distribution
- Durée : 1h38mn
- Âge : Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
- Date de sortie : 19 juillet 2023
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Résumé : Paula a onze ans. L’école l’ennuie et elle n’a qu’un seul ami, Achille. Son père lui fait une surprise : ils vont passer l’été dans la maison de ses rêves au bord d’un lac. Mais le temps file, l’automne approche et ils ne rentrent toujours pas.
Critique : Paula, c’est cette petite fille réputée caractérielle, qui met à bout les institutions éducatives de France et de Navarre. Alors, il ne reste plus que ce projet d’un père, fou d’amour pour sa fille, de prendre le large auprès d’un lac baigné d’été et de lumière. Les nombreuses scènes de plongeon dans l’eau froide et sombre rappellent alors l’insatiable besoin de liberté pour une enfant qui échappe à la norme et a besoin de sa mère éloignée d’elle pour des raisons professionnelles. Paula est une histoire d’enfance, de séparation, de meurtrissures autant sociales que familiales. C’est aussi un récit sur la relation emprunte de puérilité, d’amour et de maladresse entre un père et sa môme, avec entre les deux, un drôle de lapin blanc enfermé dans sa cage.
- Copyright Kidam
Les films sur les choses simples de l’amour sont rares. La relation entre Paula et son père se noue dans un écrin de verdures et d’eau, dans une parenthèse enchantée, celle des vacances. Mais le drame finit par survenir de la relation même de ce père avec sa fille qui prend des proportions déraisonnables, quasi maltraitantes, du moins de plus en plus étranges, avec en toile de fond un homme dévasté par la maladie. Angela Ottobah installe ainsi peu à peu dans ce qui pourrait être un pur récit d’éducation et d’amour, une ambiance poisseuse, suspicieuse, à l’image de cette couleur verte et sombre qui règne sur l’écran. Même la peau basanée de la petite fille disparaît dans la photographie blafarde et le cadeau de ce père se transforme en un enfer qui ne dit pas son nom.
- Copyright Kidam
Paula est un film aux abords curieux et fascinants à la fois. La musique participe à cette ambiance qui n’est jamais sordide mais place le spectateur dans un état particulier. Le regard d’Angela Ottobah s’écrit dans un montage parfois saccadé, le choix d’une photographie verdâtre, et des décors minimalistes à l’instar de cette maison où les deux protagonistes s’installent. L’enjeu pour ce père est de quitter la norme, la société, en faveur d’une existence isolée, loin du cadre formaté de l’Éducation nationale. La petite fille suit évidemment son père dans ce choix paradoxal de vie, et les quelques passages de personnes extérieures à leur dyade ne permettent pas trouver une issue à la tragédie qui se joue.
- Copyright Kidam
Il y a chez Angela Ottobah un talent incontestable à précipiter des histoires simples en un drame à la limite du thriller et de la folie. Pourtant, la réalisatrice n’abuse d’aucun effet de cinéma ou d’écriture. Elle laisse s’installer un climat pesant, anxiogène, mettant même le spectateur dans le doute de savoir si ce père aimant est habité de bonnes intentions. La réalisatrice ne donne aucune clé à son récit. C’est au spectateur de construire ses propres repères, de se faire une idée de la vérité de cet homme, obsédé par une science de la vie et de la biologie dérangeante. Seule la musique en toile de fond confirme que le pire est en train de se nouer sur l’écran.
- Copyright Kidam
Paula est un premier film. Cela rend l’œuvre d’autant plus intéressante. Rarement on n’aura vu dans un film français une telle capacité à générer une telle atmosphère, malgré l’économie assumée de la mise en scène. Tout se joue dans le subtil entrelacement des couleurs et de la lumière, si évocateur dans l’affiche même du long-métrage. Pour sûr, Angela Ottobah est une réalisatrice à suivre.
- © Arizona Distribution
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