Le super-héros italien
Le 3 mai 2017
Retour en critique sur le dernier prix du jury de l’édition 2017 du festival du film fantastique de Gérardmer. Une proposition super-héroïque italienne rafraîchissante.
- Réalisateur : Gabriele Mainetti
- Acteurs : Claudio Santamaria, Luca Marinelli, Stefano Ambrogi, Ilenia Pastorelli
- Genre : Comédie, Film de super-héros
- Nationalité : Italien
- Durée : 2h03mn
- Titre original : Lo chiamavano Jeeg Robot
- Date de sortie : 3 mai 2017
- Festival : Gérardmer 2017
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Résumé : Poursuivi par la police dans les rues de Rome, Enzo plonge dans les eaux du Tibre et entre en contact avec une substance radioactive qui le contamine. Il réalise bientôt qu’il possède des pouvoirs surnaturels : une force et une capacité de régénération surhumaines qu’il décide de mettre au service de ses activités criminelles. Du moins jusqu’à ce qu’il rencontre Alessia, une jeune fille fragile et perturbée qu’il sauve des griffes de Fabio, dit "le Gitan" un mafieux psychopathe ultra violent qui travaille avec la Camorra. Témoin des pouvoirs d’Enzo, Alessia est persuadée qu’il est l’incarnation de Jeeg Robot, héro du manga japonais présent sur Terre pour sauver le monde. Mais Enzo va être forcé d’affronter « le Gitan » qui veut savoir d’où vient cette force surhumaine. Parviendra t-il à sauver la ville de la folie meurtrière de Fabio et être le super-héros qu’Alessia voit en lui ?
Notre avis : Il fut un temps où le cinéma italien était reconnu pour ses films de genre. Une époque où westerns spaghettis, science-fiction post nuke, péplums, giallo et autres poliziesco faisaient les beaux jours de toute une ribambelle de cinémas de quartier. Si les héritiers de Fulci et Argento se font désormais plutôt rares au pays, dernièrement, certains ont décidé de s’orienter vers le film de super-héros, un genre en vogue depuis le grand boom des films Marvel au début des années 2000. Domaine il faut le dire, trop souvent tiré vers le bas par une prolifération d’œuvres formatées. Et pourtant, rien n’empêche les variations moins mainstream autour du thème de l’apparition de super-pouvoirs et de la figure super-héroïque. Pour preuve, il y a eu en 2015 Le garçon invisible/Invisible boy de Gabriele Salvatores comme récente incursion transalpine dans la vague de super-héroïsme (une jolie alternative bien plus intime aux deux intouchables géants Marvel/DC), et maintenant On l’appelle Jeeg Robot, budgété à seulement 1,7 million d’euros, lauréat de sept prix à la cérémonie 2016 des Donatello, soit l’équivalent de nos César (preuve que l’Italie n’a pas peur de mettre en valeur et célébrer son cinéma de genre, contrairement à la France).
Copyright Emanuela Scarpa
Situé quelque part entre Incassable et Toxic Avenger, le film de Gabriele Mainetti trouve son point d’ancrage en brossant les origines d’un petit malfrat romain devenu invincible depuis qu’il s’est retrouvé à nager trop près de barils au contenu toxique à l’issue d’une course poursuite avec les forces de l’ordre. Ce petit malfrat pas très futé, consommateur aussi bien de crèmes desserts que de films porno, se prénomme Enzo et se voit interprété par Claudio Santamaria, impliqué dans ce rôle d’anti-héros qui lui va bien (Gabriele Mainetti ne voulait pas d’un minet gonflé des pectoraux et s’est plutôt orienté vers un acteur au physique passe-partout). De dommageables événements vont pousser Enzo à se rapprocher de sa voisine, une jeune femme perturbée, fan d’un dessin animé japonais mettant en scène un super-héros appelé « Jeeg Robot » (une forme d’hommage au manga de Gō Nagai intitulé "Kotetsu Jeeg").
Cette relation, qui virera à une histoire d’amour à la fois tendre et malaisée, va lui servir de déclic, prenant ainsi conscience de ce qu’il peut accomplir avec un tel don, tout en lui permettant de se remettre sur le droit chemin (soit des choses plus ambitieuses que de partir à la chasse aux distributeurs pour glaner quelques billets). Sauf que le chemin est sinueux et un obstacle de taille va venir croiser sa route. Le petit mafieux Zingaro (Luca Marinelli vu dans Mauvaise Graine, parfait dans ses excès de théâtralité) relié à Enzo par son passé criminel et sa soif de pouvoir, finit par acquérir contre toute attente la même force surhumaine. La fin du métrage s’achevant par un véritable duel homérique entre les deux hommes.
Copyright Emanuela Scarpa
Le résultat, empreint d’une petite touche de noirceur et de réalisme social, va s’avérer bien orchestré même si dans l’ensemble, les codes ne sont que trop peu distordus et que l’on déplore un schéma scénaristique cousu de fil blanc. Peu de surprises dans le dénouement donc, mais le long-métrage arrive néanmoins à se placer comme un parfait exemple à suivre en terme de cinéma populaire efficace.
Armé de ses propres moyens d’expression, Gabriele Mainetti dégoupille un film de super-héros divertissant, drôle par moments, et bien réalisé, qui pèche seulement par un léger manque d’originalité en terme de structure. L’autre petite chose qui lui fait défaut, c’est l’absence d’un brin de cette insolence de sale gosse incorrigible qui marchait si bien à l’intérieur d’un Kick Ass ou d’un Super.
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