Le 21 mars 2021
Documentaire en forme de portrait, puis bifurcation vers un home movie aux accents de found footage, Nightvision est une œuvre maîtrisée aux implications multiples.


- Réalisateur : Clara Claus
- Genre : Court métrage
- Nationalité : Français
- Durée : 37 minutes
- Festival : Festival international du film documentaire Cinéma du réel

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Résumé : Installée dans une maison des Hamptons (Long Island, New York), où elle est l’assistante d’un photographe américain renommé, l’artiste plasticienne Clara Claus découvre par la vidéosurveillance qu’un rôdeur épie à la fenêtre de sa chambre, la nuit.
Critique : La genèse du film est reliée à une contingence mêlée d’angoisse. Il en reste l’empreinte à la fois visuelle et psychologique : pendant qu’elle logeait chez un photographe américain, à New York, l’artiste plasticienne Clara Claus était épiée par un rôdeur. La présence évanescente de cet inconnu se dissout presque dans le cadre obscur de la vidéosurveillance. La première partie du court métrage amorce le portrait d’un artiste aux clichés saisissants, dont on suit le quotidien en collaboration avec son assistante. Le vaste espace de la maison est éclairé par une lumière diurne, la sensation d’une complicité met Nightvision sur les rails d’un documentaire classique. Les détails d’une collaboration fructueuse se nourrissent de quelques scènes attendues.
Et puis, le court métrage bifurque complètement : l’homme s’absente, confiant sa maison et sa chienne à la jeune femme, qui devient le centre d’un home movie aux accents de found footage : les promenades au bord de la mer ou dans la forêt, les confidences faites à distance, l’exploration des couloirs, d’un garage totalement enténébrés juxtaposent une série de plans subjectifs, jouant avec les codes du film d’épouvante. Le décor s’assombrit dans une attente, l’inconnu revient la nuit, comme un fantôme.
En même temps qu’il est construit sur une mise en abyme du regard (qui voit ? qui est vu ?), Nightvision parvient à retourner l’invariant des thrillers horrifiques où la femme fragilisée devient la victime de son harceleur : l’image parvient à prendre le voyeur dans un dispositif tout à fait maîtrisé, qui intègre cette irruption saisissante du réel dans un véritable projet artistique.