Le 12 janvier 2016
Avec son ambiance lorgnant vers le fantastique, le film de Julien Seri se révèle être une belle surprise, faillible en de nombreux points mais totalement sincère.
- Réalisateur : Julien Séri
- Acteurs : Édouard Montoute, Fanny Valette, Jonathan Demurger, Jonathan Howard, Jess Liaudin
- Genre : Action, Thriller, Épouvante-horreur
- Nationalité : Français
- Durée : 1h20mn
- Date de sortie : 13 janvier 2016
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Avec son ambiance lorgnant vers le fantastique, le film de Julien Seri se révèle être une belle surprise, faillible en de nombreux points mais totalement sincère.
L’argument : Luc et Chris, son ami anglais, montent dans un taxi pour rentrer chez eux après une soirée parisienne bien arrosée. Arrivés à destination, ils s’enfuient sans payer la course. Ils sont tombés sur le mauvais chauffeur... Le taxi va se mettre en chasse toute la nuit. Mais, est-ce vraiment l’argent qu’il veut ?
Notre avis : Ce n’est un secret pour personne, le film de genre en France est moribond. Souvent porté par de vrais passionnés, nombre de tentatives furent en effet minées par leur manque de moyens évident. Night Fare constitue sur ce point un cas intéressant car c’est un film entièrement indépendant. Épaulé notamment par une campagne à succès sur un site de financement participatif, Night Fare n’a cependant pas pour but de porter aux nues son indépendance financière vis à vis des institutions de production habituelles mais cherche plutôt à se constituer comme un déclencheur, Julien Seri couvant un espoir bienvenu : « Si Night Fare fonctionne, on pourra aller voir les guichets de financement sélectifs en leur disant : "Voilà ce qu’on peut faire sans vous. Imaginez ce qu’on peut faire avec vous" ».
Et le réalisateur de Scorpion tient ici un argument plus que valable. La tenue générale de son film est solide, cadres soignés, photographie nocturne superbe et vues du ciel impressionnantes participent à l’ambiance électrique très eighties du film, rappelant tour à tour Christine de John Carpenter et Duel de Steven Spielberg. Par ailleurs, Night Fare lorgne dans sa première partie du côté de Collateral de Michael Mann, tentant de dresser à travers sa course poursuite urbaine, un portrait de Paris autant géographique que sociétal. Du centre à la banlieue, des soirées bourgeoises aux mafieux menaçants, Julien Seri s’amuse à caricaturer notre capitale comme une Sin City décadente en mal de justicier pour la sauver.
Malgré cela, le film manque cruellement d’ambition dans sa première partie, alternant trop mécaniquement les moments de tension et les dialogues redondants entre les deux amis en fuite. Poursuivis sans relâche par ce boogeyman mutique et terrifiant, incarné à la perfection par l’impressionnant Jess Liaudin, Night Fare constitue un bel objet ultra stylisé mais assez vain, se dirigeant de façon prévisible vers la révélation des intentions du chauffeur de taxi tyrannique. En l’état, le film de Julien Seri aurait été une série B honnête et bien troussée mais le réalisateur a la bonne idée de revoir ses ambitions à la hausse dans un final des plus audacieux.
Dans un pur esprit comic-book, Night Fare se transforme en vigilante. Le chauffeur de taxi, véritable héros de l’intrigue, se révélant être un guerrier au code d’honneur ancestral. Le film dépasse ainsi son scénario prétexte pour élever son sujet en quête de justice radicale rappelant avec brio le dilemme douteux d’ Un justicier dans la ville par exemple. On regrette ainsi que Night Fare n’ait pas choisi de verser avec plus d’entrain dans cette veine, s’assumant pleinement comme une série B décomplexée. Les scènes d’action sont trop rares quoique assez intenses, en particulier cette séquence jouissive de massacre au sabre. Night Fare est à la fois trop sage puis trop surprenant, scindant le récit de façon si nette que s’en est obligatoirement déconcertant.
Grâce à cette dernière partie inattendue, Julien Seri parvient à renverser nos attentes. Témoignant une nouvelle fois de son attrait pour un certain type de tradition guerrière dirigée vers le Bien, le discours de Night Fare fera grincer des dents, transformant avec audace son anti-héros en super-héros cathartique. Avec son ambiance lorgnant vers le fantastique, Night Fare se révèle être une belle surprise, faillible en de nombreux points mais totalement sincère.
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