A l’innocence dévastée
Le 18 janvier 2006
Na cidade vazia ou les pérégrinations urbaines d’un orphelin de la guerre. Un plaidoyer pour la protection de l’enfance en danger.
- Réalisateur : Maria João Ganga
- Genre : Drame
- Nationalité : Angolais
L'a vu
Veut le voir
– Durée : 1h30mn
Na cidade vazia ou les pérégrinations urbaines d’un orphelin de la guerre. Un plaidoyer pour la protection de l’enfance en danger.
L’argument : Angola, 1991. Pour échapper à la guerre, N’dala, douze ans, recueilli par des religieuses, est obligé de fuir, avec d’autres enfants, sa province natale du Bié pour la capitale Luanda. Avec pour seul bagage son innocence et une voiturette de sa fabrication, l’enfant part seul, dès son arrivée, à la découverte de cette ville aux dangers insoupçonnés.
Notre avis : N’dala est un petit campagnard qui découvre avec fascination la ville, tel un petit papillon séduit par une flamme au risque de s’y brûler les ailes. Roldan Pinto João rend avec brio toute la candeur du personnage principal de ce film dont les enfants sont, au propre comme au figuré, les héros. Une candeur et une innocence, maintes fois mises à l’épreuve mais toujours d’actualité. Pourrait-il en être autrement de ces vertus intrinsèques à l’enfance ? Celles qui permettent à nos chérubins de dépasser la violence, celle de la guerre et plus généralement celle des adultes. Car dans son aventure urbaine, la plupart de ceux que N’dala rencontrera lui feront défaut. L’un de ses rares amis, Zé, est un enfant comme lui, qui a décidé de le prendre sous son aile. Témoignage de l’imagination fertile des enfants, ce dernier voit en lui l’incarnation de Ngunga, ce petit héros que Zé incarne dans une pièce de théâtre à l’école. Livré à lui-même dans la "jungle" de Luanda, Ndala rejoint la cohorte des enfants de la rue. Il perdra très vite ses illusions de nouveau citadin. Jamais ses rêves : celui de retrouver les siens et ses valeurs, celles que partagent les gens de la terre et tous ceux qui sont proches de la nature. N’dala mesure en effet au fond de lui toute la justesse de ses convictions. Et il s’y raccroche, en dépit de son admiration pour le douteux cousin Joka, l’un des nombreux visages d’une société urbaine décadente.
Na cidade vazia - Attends, la ville sera vide - est une peinture cinématographique, avec quelques gros plans bien sentis de la lâcheté des adultes qui, quand ils ne lèsent pas les enfants en guerroyant, en profitent honteusement au quotidien. Maria João Ganga dépeint dans ce film la délicate situation de nombreux enfants dans le monde et en Afrique : corvéables à merci, simples instruments ou victimes innocentes. Son pays a, aujourd’hui, renoué avec la paix, mais la situation des enfants de la rue, orphelins de guerre pour beaucoup, n’est pas pour autant une question résolue. La réalisatrice angolaise nous rappelle qu’il est de notre devoir d’adulte de les protéger. Car aussi valeureux qu’ils soient ou qu’ils paraissent, les enfants sont fragiles et désarmés face aux multiples menaces qui jalonnent leur vie. Et ils comptent sur nous pour les protéger. Le lancinant et remarquable Wild man in the city du célèbre saxophoniste camerounais Manu Dibango, musique phare de la B.O, nous renvoie sur les cordes de notre conscience. La conscience d’adultes égarés qui ont lamentablement échoué dans leur mission. Ce n’est sans doute pas anodin que ce soit une femme - surtout quand on sait combien elles sont rares derrière la caméra - qui attire notre attention sur ce sujet. Na cidade vazia, l’une des trois productions du cinéma angolais depuis la fin de la guerre en 2004, mérite donc largement que vous vous précipitiez.
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.