Jonas, la baleine et le LSD
Le 27 novembre 2009
Une fantaisie d’aventures oniriques et comico-sexuelles débridée, tout en animation, où s’exprime sans limites un graphisme inventif et un poil confus...
- Réalisateur : Masaaki Yuasa
- Genre : Aventures, Animation, Manga
- Nationalité : Japonais
- Editeur vidéo : Potemkine
- Date de sortie : 18 novembre 2009
- Plus d'informations : Le site du film
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– Durée : 1h43mn
– Titre original : Maindo Gèmu
– Date de sortie DVD : le 18 novembre 2009
Une fantaisie d’aventures oniriques et comico-sexuelles débridée, tout en animation, où s’exprime sans limites un graphisme inventif et un poil confus...
L’argument : Nishi, un jeune dessinateur de manga, est amoureux depuis toujours de Myon. Ce soir-là, il la raccompagne dans son restaurant où deux étranges yakuzas font soudain irruption et les menacent. La vie de Nishi ne tient plus qu’à un fil lorsque l’un des yakuzas presse la détente. Ce coup « mortel » transforme Nishi, qui décide de prendre son destin en main. C’est le début d’un étrange voyage...
Notre avis : C’est bien connu depuis les premiers balbutiements psychanalytiques de Freud : le rêve ne connaît pas la mort, et c’est un monde où se jouent des processus de déplacements, de condensations, de sautes abruptes qui viennent bouleverser les codes d’un récit cohérent et laissent à son réveil le dormeur dans un état à mi-chemin entre hébétude et perplexité. Mind game n’est en réalité pas très éloigné de cette définition ; à coups de pures élucubrations graphiques et de sautes narratives sauvages qui font s’entrechoquer les temporalités et les « vies » parallèles, il nous propulse dans un univers au bord du rythme psychotique. De même que Nishi découvre que ce qu’il croyait être son destin irrévocable se retourne avec la facilité d’un gant dans la main bienveillante de Dieu (qui n’est autre qu’une créature de son esprit, multiforme et volubile), le film nous transporte d’apparentes évidences en surprises : désarmant de façon déconcertante les fils d’un récit pourtant classique dans le genre de l’anime (comme dans le manga Love hina, un loser, de surcroît obsédé sexuel, pourchasse sans relâche son amour de bac à sable), il multiplie sur un mode hystérique les embardées les plus inattendues et sauvages. Pas d’inquiétude donc, si nos héros passent d’une course-poursuite avec des yakuzas défiant les lois de la gravitation à une soirée sushi dans le ventre d’une baleine...
- © Potemkine
Sous ses faux airs de dessin animé enfantin, couleurs fluo et créatures rondouillettes à l’appui, Mind game joue sur l’outrance et le transgressif, opérant comme une sorte de cri libérateur des pulsions les plus folles. La deuxième moitié du film, en particulier, plus débridée que la première, consiste en partie en une grande célébration orgiaque où les héros n’hésitent pas à s’affubler - pour de vrai ou comme déguisement - d’organes génitaux surdimensionnés, en dansant sur des rythmes sautillants... Ce qui compte, c’est au final moins l’histoire que ces moments de danse et de mouvement, vecteurs d’une énergie à réveiller (littéralement dans le cadre du film) les morts. Car Mind game est surtout une explosion visuelle de techniques et d’images hétéroclites, avalées pêle-mêle par un graphisme vorace qui les régurgite à l’écran dans une liberté totale et assumée. L’animation est un patchwork de la culture populaire japonaise qui court à toute allure des citations d’Astro boy d’Ozamu Tezuka aux techniques les plus récentes d’intégration 3D dans le dessin, parfois utilisées dans les cinématiques de jeux vidéo. Au sein du dessin même, plusieurs styles se croisent, entre bonhommes bedonnants et mafieux aux traits secs et bardés de coups de crayon. Indéniablement, on ne peut que reconnaître l’inventivité de cette mine à images qui, sur toute la durée, n’en finit pas de se renouveler et de surprendre jusqu’à la toute dernière séquence. Mais c’est aussi peut-être l’arme à double tranchant de ce jeu d’esprit : Mind game s’éparpille dans son bric-à-brac, au point de ressembler à un hybride un peu confus où l’on a souvent l’impression que le studio a manqué des occasions de faire le tri. Dans tous les cas, l’expérience tient tout de même ses promesses : une bouffée d’air aux vertus hallucinogène, dans la morosité du quotidien.
Le DVD
Pour un film déjà déconcertant, une édition DVD riche en surprises et très agréable à découvrir...
Les suppléments
Un DVD bonus présente les suppléments autour du film. Très instructifs, les entretiens, commentaires et le module sur le travail d’animation viennent donner une idée de la cohérence technique et artistique au « chaos visuel » de Mind game. Également surprenante, une version du film entièrement en animatics, dont le studio semble s’être fait une petite spécialité.
Image
L’image est de très bonne qualité dans l’ensemble, même si en raison du graphisme et de la luminosité, il vaut mieux préparer vos yeux à subir un véritable déluge de décharges fluo survenant de toutes les directions...
Son
Du 5.1 appréciable, mais dans le mixage initial, les effets sont très accentués, ce qui rend le film un peu fatigant dans la durée sur le plan sonore.
Galerie Photos
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