Vent du Nord
Le 10 mars 2019
Un premier film touchant sur la quête identitaire qui fléchit cependant sous la multitude des thèmes abordés.
- Réalisateur : Basile Doganis
- Acteurs : Féodor Atkine, Rabah Naït Oufella, Daphné Patakia, Lamine Cissokho, Karam Al Kafri , Akis Sakellariou
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français, Grec
- Distributeur : Jour2fête
- Durée : 1h27mn
- Date de sortie : 13 mars 2019
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Résumé : Un an après la mort de sa mère, Elena, jeune Française d’origine grecque, retourne dans sa maison de vacances sur l’île de Lesbos. Elle est accompagnée de ses amis Nassim et Sekou, deux jeunes banlieusards plus habitués aux bancs de la cité qu’aux plages paradisiaques. Mais les vacances sont perturbées par la rencontre avec Elyas, jeune Syrien réfugié depuis peu sur l’île, qui fait basculer le destin d’Elena et de ses amis.
Notre avis : Evoluant avec la légèreté d’un bébé baigné dans le liquide amniotique, une jeune femme repliée en position fœtale se berce au sein d’une mer limpide tout en récitant quelques belles phrases que sa mère, décédée il y a peu, lui a laissées. Au gré des mouvements tant humains que maritimes, s’ouvre ainsi le débat sur la capacité de chacun d’entre nous à transmettre l’héritage culturel et humain que nos parents nous lèguent.
- Copyright Elzévir Films
Après deux courts-métrages consacrés aux questions d’identité et d’appartenance,Le gardien de son frère en 2012 et Journée d’appel en 2014, le jeune réalisateur/scénariste franco-grec Basile Doganis entrelace tout à la fois la force du lien mère/fille, la douleur du deuil, la complexité du sentiment d’allégeance pour les jeunes issus de l’immigration et enfin l’iniquité de la crise migratoire pour composer un film d’apprentissage débouchant sur l’entrée dans l’âge adulte de ses héros. Dans ce contexte de repli sur soi et de peur de l’autre, il est réjouissant de partager son insistance à nous interroger sur la réalité de nos origines. On regrette cependant qu’encombré par la profusion des sujets, le récit n’accorde pas à chacun d’eux la profondeur qu’il mérite.
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Elena (Daphné Patakia) est une jeune femme franco-grecque. A l’occasion des vacances d’été, elle revient sur l’île de Lesbos dans le but de vendre la maison de sa mère. Elle est accompagnée de deux camarades de classe, eux aussi français issus de l’immigration. Ils y rejoignent Manos, le beau-père d’Elena, un biologiste grec qui aide la police scientifique à identifier les cadavres des migrants repêchés. Elle entretient avec lui des rapports difficiles malgré la bienveillance dont il fait preuve à son égard. Le cœur alourdi par un passé sombre et une déchirure identitaire, Elena dégage une gravité en dissonance avec l’éternelle bonne humeur des garçons. Pourtant, tous trois entendent bien profiter de ces quelques jours de vacances qui s’offrent à eux, même si cet été 2015 est particulièrement difficile pour la Grèce entre menace de « Grexit » et crise économique et encore bien plus pour l’île de Lesbos qui subit de plein fouet la crise migratoire avec le passage de près d’un demi-million de migrants en moins d’un an. C’est dans cette ambiance à mi-chemin entre comédie et drame que notre trio rencontre Elyas, un jeune homme à peine plus âgé qu’eux qui prétend être espagnol. Après l’énoncé de quelques principes rebattus mêlant aussi bien la brutalité de cette loi qui transforme désormais en délit toute manœuvre tendant à porter assistance aux migrants que le renoncement de la France à appliquer ses principes de base de terre d’accueil, on découvre que cet homme est syrien et n’a d’autre but que de rejoindre sa mère emmenée dans un camp de réfugiés situé sur le continent. Il n’en faudra pas plus pour qu’Elena et ses acolytes envisagent de regarder leur vie personnelle sous un autre angle.
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Si le Meltem, vent du Nord pourtant réputé dangereux et imprévisible capable de déclencher des tempêtes, ne soulève ici que quelques vaguelettes d’un enthousiasme ténu, c’est plutôt du côté de l’interprétation que l’on trouvera quelques éléments réellement décoiffants. Daphné Patakia sait d’un seul regard transmettre au spectateur une émotion immédiatement palpable mais c’est bien Karam Al Kafri, réfugié palestinien de Syrie qui remporte tous les suffrages. Ses yeux clairs teintés d’une extrême mélancolie témoignent sans tricherie de la douleur de son passé. Rabah Naït Oufella et Lamine Cissokho assurent sans faiblir le versant comique tandis que Féodor Atkine malicieusement ambigu complète le casting de choix de cette tragi-comédie au sujet universellement fort.
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