Le 18 août 2021
À l’image de son héroïne, Louloute se perd en chemin, entre chronique sociale et agricole et nostalgie du passé.


- Réalisateur : Hubert Viel
- Acteurs : Laure Calamy, Bruno Clairefond, Erika Sainte, Alice Henri, Olivier Saladin, Rémi Baranger, Hannah Castel Chiche
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Tandem
- Durée : 1h28mn
- Date télé : 24 novembre 2022 21:00
- Chaîne : OCS City
- Date de sortie : 18 août 2021
- Festival : Festival La Roche-sur-Yon 2020

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Résumé : Années 80, Normandie. Entre les vaches, le Club Do’ et les gros pulls en laine, Louloute rêve, tombe amoureuse et se dispute avec ses proches. Alors que la ferme familiale s’endette, sa vie va changer à jamais.
Critique : Une jeune femme s’est endormie dans un parc. La pluie la réveille et lui rappelle qu’il est temps qu’elle rejoigne ses élèves qui l’attendent. Louise (Erika Sainte) est enseignante. Louise n’a, en vérité, jamais quitté l’école. Elle est restée bloquée dans cette époque où son père la surnommait Louloute et ne peut trouver ses marques ni dans le présent, ni dans le monde adulte. La rencontre avec l’amoureux de sa jeunesse la propulse immédiatement vingt ans en arrière. Les souvenirs se superposent avec la réalité.
- Copyright tandem
Les flash-back entre la Louise fragilisée d’aujourd’hui et la petite Louloute élevée à l’air de la campagne s’enchaînent. Cheminant entre onirisme et réalité, le film semble se diriger vers l’analyse comportementale d’une jeune femme dont l’imagination s’est emballée, perdue au milieu d’événements anciens dont les contours sont devenus si flous qu’il lui est maintenant impossible de les situer dans le temps.
À peine a t-on le temps de s’attacher au sort de cette héroïne en difficulté, que la narration perd de son attraction, pour dériver vers ce discours désormais récurrent autour des difficultés agricoles et finalement sociales, liées à la crise laitière qui provoque les premiers suicides d’agriculteurs, dès la moitié des années 80, ainsi que des tragédies familiales comme celle qu’a connue Louloute. L’accumulation systématique d’une multitude de détails retraçant cette décennie charnière réjouira les nostalgique de l’époque. Car rien n’est oublié : les draps à l’effigie de quelques personnages de dessins animés, le poste de télévision cathodique, l’ourson Cajoline et tant d’autres. Cette vision stakhanoviste d’une période de transition majeure aurait mérité davantage de nuances et déroutera les amateurs de descriptions plus harmonieuses, même si les couleurs primaires et vives obtenues, grâce à la chaleur particulière du grain de la pellicule 16mm, baignent le tout dans une atmosphère de plaisante naïveté.
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Certes, on s’attache facilement à cette famille, unie dans la tourmente, à qui les comédiens accordent vivacité et authenticité. Le jeu impeccable de Bruno Clairefond (le père), la justesse de Laure Calamy et la spontanéité de la jeune Alice Henri et de ses frères et sœurs de cinéma (Rémi Baranger et Hannah Castel Chiche) font oublier ce labyrinthe d’images trop formelles qui ne constituent ni tout à fait un conte, ni vraiment une satire sociale, peut-être une rêverie inaboutie.