Le 18 septembre 2018
Sous prétexte de dresser le portrait d’une jeune femme d’aujourd’hui tiraillée entre son amour de la nature et ses désirs d’évasion, Bettina Oberli propose un regard novateur sur la manière d’aborder l’écologie.
- Réalisateur : Bettina Oberli
- Acteurs : Nuno Lopes, Mélanie Thierry, Pierre Deladonchamps, Anastasia Shevtsova
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Distributeur : ARP Sélection
- Durée : 1h27mn
- Date de sortie : 26 septembre 2018
- Festival : Festival d’Angoulême 2018, Festival de Locarno 2018
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Résumé : Pauline, une jeune paysanne, élève ses bêtes dans le respect de la nature. L’arrivée de Samuel , venu installer une éolienne va bouleverser son couple, ses valeurs.
Notre avis : A l’heure où les discours autour des questions environnementales se font de plus en plus pressants, voire extrêmes, la jeune réalisatrice suisse Bettina Oberli, propose une réflexion idéologique et romanesque sur le sujet à travers le regard de Pauline, pivot central autour duquel s’articule deux points de vue différents.
- Copyright Niels Ackermann
Après son plus gros succès Les mamies ne font pas dans la dentelle, un film pittoresque distribué dans de nombreux pays européens (mais pas en France) qui dénonce une Suisse conservatrice, elle consacre son premier long-métrage en langue française à un sujet plus universel qu’elle choisit de développer par le prisme de la dualité. Comment ne pas se laisser happer par une nature certes enchanteresse avec ses prairies immaculées mais terriblement effrayante dès que le brouillard recouvre la plaine au point que des falaises abruptes peuvent devenir danger mortel ? Doit-on tout sacrifier à l’écologie ou envisager des actions plus raisonnées face à un environnement qui inévitablement sera toujours plus fort que nous, petits humains ? Elle aboutit alors à cette question brûlante pour laquelle elle ne prend pas parti de façon à laisser chacun y apporter sa réponse : doit-on essayer de sauver la planète ou est-ce de toute façon déjà trop tard ?
- Copyright Festival Angoulême 2018 - Patrick Levanneur
Au milieu d’un décor idyllique de montagnes jurassiennes est posée la ferme dont Pauline (Mélanie Thierry) a hérité à la mort de ses parents et qu’elle n’a jamais quittée. Elle y vit avec Alex (Pierre Deladonchamps), son mari. Soucieux de protéger et conserver la nature qui leur donne nourriture, électricité et vie, ils vivent en parfaite harmonie avec elle. Leur combat commun pour la défense de leur environnement les lie l’un à l’autre tant dans leur vie professionnelle que privée. Le regard acéré et l’humour en moins, les difficultés liées à la vie paysanne évoquées l’an dernier dans le Petit paysan d’Hubert Charuel qui a tant ému le public refont surface : l’éloignement de toute distraction, les travaux des champs épuisants, les soins perpétuels à apporter aux animaux, la méfiance vis-à-vis du vétérinaire qui, soumis à des directives impitoyables, fait figure d’ennemi. Pourtant accrochés à leurs idéaux, ils sont certains de pouvoir garder encore longtemps le cap d’une vie de solitude et de dévouement à la nature.
- Copyright Niels Ackermann
Ils ne pressentent rien de l’été meurtrier qui se prépare. Le rythme s’accélère sans qu’une mise en scène décidément plus contemplative qu’énergique ne nous confronte pleinement au séisme sous-jacent. Tout commence avec l’arrivée de Galina, une jeune ukrainienne venue soigner quelques blessures consécutives à la catastrophe de Tchernobyl qu’Alex et Pauline reçoivent dans le cadre d’une entraide entre la Suisse et la Russie. La jeune fille n’apprécie guère les joies de la campagne et s’ennuie. Malgré ce qu’elle a vécu, sa joie de vivre, sa décontraction et son enthousiasme apportent la première brise de liberté à une Pauline qui n’a connu que le labeur. De son côté Alex, jusqu’au-boutiste et désireux de s’assurer une autonomie totale décider de placer sur ses terres une éolienne afin de ne produire que de l’électricité « propre ». Symbole de désaccord entre les partisans et les opposants au développement de cette énergie accusée de dégrader le paysage, d’être bruyante et d’avoir un impact sur la mortalité de certaines espèces animales, cette nouvelle installation cristallise le combat de trop. L’arrivée d’un technicien, insouciant et décontracté, ouvert vers le monde provoque de fortes bourrasques au sein du couple de nos jeunes paysans. Fissurant définitivement les convictions de la jeune femme, elle signe le début de leur scission idéologique et conjugale.
Ce quatuor de jeunes gens tout à la fois utopistes, généreux, sincères et naïfs qui s’enrichissent au contact des uns et des autres a l’avantage de proposer un généreux éventail de tous les questionnements autour des enjeux environnementaux. Pourtant, la réserve dont la réalisatrice entoure ses propos coupe court à tout espoir de ferveur sur un sujet qui en suscite tant. Ce drame rural vaut avant tout pour l’oxygène insufflée par l’authenticité du duo entre Pierre Deladonchamps qui grâce à ce personnage d’extrémiste auquel il ne nous a guère habitués nous permet de découvrir un nouvel aspect de son talent, et Mélanie Thierry qui habille d’une belle conviction ce portrait de femme moderne, entre ombre et lumière.
- Copyright ARP Sélection
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