Le 6 décembre 2014
Ce petit film sympathique peut se voir d’un œil amusé, à la recherche de références cinématographiques, ou pour le sous-texte politique.
- Réalisateur : Hassan Legzouli
- Acteurs : Nader Boussandel, Morad Sail
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français, Marocain
- Durée : 1h24mn
- Date de sortie : 10 décembre 2014
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Ce petit film sympathique peut se voir d’un œil amusé, à la recherche de références cinématographiques, ou pour le sous-texte politique.
L’argument : 1999 : Sami, jeune franco-marocain de 17 ans, est envoyé chez son cousin Azadade au Maroc par son père, qui souhaite ainsi le punir de ses mauvaises actions. Sami lui n’a qu’une idée en tête : revenir en France avant sa majorité et retrouver Mélanie, sa fiancée. Il décide de voler l’un des boeufs du roi Hassan II, entrainant son cousin sur les routes du Maroc avec à leur poursuite, deux policiers zélés…
Notre avis : Comme Sami, le personnage principal, le film a « le cul entre deux chaises »et multiplie les références, hésitant entre le sérieux et la franche parodie : Léone et ses grands espaces, bien sûr, référence avouée et revendiquée. Mais au détour d’une séquence on retrouve aussi un « méchant » à la Peckinpah, des discussions tarantiniennes, et des clins d’œil plus flous au western comme au film noir. Certains sont amusants : faire passer à un informateur une photo du veau comme celle d’une victime fait sourire. D’autres semblent ressortir au simple plaisir de filmer et de jouer avec les codes. Même la référence biblique du titre est ironique et d’une manière générale, c’est tout le film qui se voit comme un road-movie dégradé, sans enjeu réel, mené par des pieds nickelés. Les deux duos rivalisent de bêtise et d’incompétence. Constamment dépassés, les policiers inefficaces finiront comme Thelma et Louise, sans le côté bravache et désespéré. S’ils meurent, c’est d’un accident stupide, pas dans un geste de défi.
On peut goûter les paysages magnifiques, loin des grandes villes, que le réalisateur filme amoureusement dans des plans larges qui engloutissent les personnages, tout en refusant la carte postale facile. Il échoue en revanche à humaniser les duos, qui demeurent des caricatures sans envergure dont le sort, qui devrait émouvoir, nous laisse indifférents, faute sans doute de tendresse. Il n’est pas facile en effet de s’attacher à des imbéciles, fussent-ils inadaptés et victimes. Car enfin le vol du veau, qui pourrait donner lieu à des péripéties, n’est qu’une anecdote sans rien de palpitant ; on n’imagine pas une seconde que des policiers aussi débiles procèdent à une arrestation. Du coup, les différentes rencontres qui se veulent énigmatiques, ne dépassent pas l’allusion amusée et se heurtent aux écueils d’un scénario prévisible.
© Zelig Films Distribution
Si le film intéresse, c’est moins dans sa description d’un Maroc archaïque que Sami rejette avant de le regretter, que dans le message politique : Hassan II, dont l’ombre est omniprésente (photos officielles, message sur une colline, cheptel privé), fait régner une atmosphère de suspicion généralisée et de peur incessante. Ce qui n’empêche pas Azdade comme le père de Sami de fondre en larmes à l’annonce de son décès. De cette relation ambivalente entre un peuple et son roi naît un trouble, qui correspond à la situation de ces exilés tiraillés par le regret.
Hassan Legzouli, fasciné par le Maroc rural, sait le mettre en valeur. Au détour d’un travelling, qui révèle quand la caméra s’élève une scénographie judicieuse, isolant Sami, Azdade, le veau et la bétaillère comme autant de personnages irréconciliables, on sent une possibilité de maîtrise cinématographique qu’ hélas beaucoup d’autres séquences démentent, et notamment ces champs / contre-champs qui captent des dialogues maladroits. D’une manière générale, c’est dans les plans d’ensemble qu’il est le plus à l’aise : à cet égard les scènes de souk, qui, sans sacrifier à la couleur locale, saisissent de multiples détails « naturels », témoignent d’une belle capacité à observer le réel.
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