Le 27 février 2018
Sidonis a déniché un objet filmique non identifié, mal maîtrisé, foutraque, mais dont l’originalité ne fait aucun doute. Surprenant.
- Réalisateur : Richard Wilson
- Acteurs : Yul Brynner, Pat Hingle, Janice Rule
- Genre : Western
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Sidonis Calysta
- Durée : 1h32mn
- Titre original : Invitation to a Gunfighter
- Date de sortie : 10 décembre 1964
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– Sortie DVD et Blu-ray : le 23 janvier 2018
Résumé : En l’absence de Matt Weaver, le banquier Brewster fait vendre ses biens. Pour les récupérer, Weaver engage un tueur à gages, Jules, un élégant créole expert en poker. Mais ce tueur se révèle vite être encombrant. En fait, il est devenu liquidateur pour se venger d’ un homme qui fit vendre sa femme comme esclave...
Notre avis : Incongru, c’est le qualificatif qui vient à l’esprit à la vision de ce western étrange, bourré de défauts et cependant attachant par son ambition et ses ratés mêmes. Entre un scénario qui prend eau de toute part, une réalisation fade et des acteurs théâtraux, le film ne part pas gagnant ; il serait même facile d’énumérer les incohérences de l’histoire ou de souligner l’emphase des dialogues. D’autant qu’il y a peu d’action et que nombre de séquences sont statiques.
S’appuyant sur un synopsis stéréotypé (le soldat qui revient pour constater qu’on lui a tout pris, la ville sous la coupe d’un malfaisant), Le mercenaire de minuit (mais pourquoi de minuit ?) tente de faire de cette intrigue une tragédie : le destin représenté par un aveugle ricanant, les habitants groupés comme un chœur antique, tout y est ou presque et peut justifier l’abondance et le caractère sentencieux des dialogues. D’ailleurs, des êtres torturés qui déclament devant des toiles peintes, ça rappelle furieusement le théâtre. Mais les trois scénaristes ont ajouté un personnage excentrique, qui joue du clavecin et semble omniscient, voire omnipotent. À la limite du fantastique, cet incongru raffiné agit aussi comme un révélateur des lâchetés et des bassesses. Mais, en tombant amoureux, il se condamne et meurt pour la liberté des autres. Une fin presque christique pour lui, son cadavre étant porté par ceux qui le reconnaissent comme leur sauveur. Ce n’est pas encore tout : le film traite aussi du racisme, des éclopés de la guerre, du sentiment de culpabilité, du mensonge et de la vérité. On imagine bien que pour maîtriser tout ces fils narratifs, il fallait un grand cinéaste, ce que Richard Wilson, même s’il a fréquenté Orson Welles, n’est pas. Aussi le métrage tombe-t-il souvent dans la platitude ou le banal. Que ce soit dans la direction d’acteurs ou dans les cadrages approximatifs, le cinéaste fait preuve d’insuffisance. Plus grave peut-être, le rythme émoussé rend plus lâche encore une intrigue pleine de temps morts.
Mais quelques scènes mémorables (Patrick Brion en cite deux, la partie de poker et le saccage de la ville, assez inouïes) le tirent vers le haut : tous les moments où Jules, le mercenaire qu’incarne plutôt sobrement mais pas toujours très justement Yul Brynner, prend plaisir à humilier les bonnes gens sont particulièrement jouissives. De même sa manière de rabaisser le méchant en lui faisant porter ses valises ou en lui infligeant une leçon de diction a-t-elle quelque chose de cocasse, qui se transformera en saine vengeance par sa mise à genoux au sens propre. Et dans ce film trop long, bancal, on ne peut qu’apprécier de telles fulgurances, qui font de ce Mercenaire de minuit non pas un grand western, mais un western atypique, étonnant et agaçant à la fois.
Les suppléments :
Outre les bande-annonces et galeries photos, le Blu-ray propose les deux présentations traditionnelles de François Guérif (8mn30) et Patrick Brion (7mn), qui rappellent la carrière de Richard Wilson et jugent tous deux le film attachant, original, tout en reconnaissant ses faiblesses. Bonus supplémentaire, le documentaire sur Yul Brynner retrace avec force compliments la vie et l’œuvre du comédien. Bien qu’un peu convenu, il a le mérite de donner quelques informations sur ce mystérieux acteur, mais il faut supporter des intervenants extatiques (et la VF en rajoute) et pas mal de banalités (58mn).
L’image :
Tous les défauts n’ont pu être gommés, il reste quelques micro-parasites et de rares plans affadis, mais globalement la copie est propre et les couleurs éclatantes. Les extérieurs sont en général mieux préservés.
Le son :
A rebours d’une VF d’époque assez opaque, la VO propose un son charnu et une musique pimpante, sans scories.
Galerie Photos
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