Le 4 décembre 2020
Hélène Cattet et Bruno Forzani s’amusent à exploser les normes de la narration classique et font de leur film un trip sous LSD, rendant ainsi hommage aux westerns spaghetti dont ils empruntent les codes visuels, et aux auteurs du roman éponyme, bien connus pour leur goût pour la provocation.
- Réalisateurs : Hélène Cattet - Bruno Forzani
- Acteurs : Marc Barbé, Elina Löwensohn, Stéphane Ferrara, Bernie Bonvoisin
- Genre : Action, Expérimental
- Nationalité : Français
- Distributeur : Shellac
- Durée : 1h30mn
- Date télé : 4 décembre 2020 22:30
- Chaîne : OCS Choc
- Date de sortie : 18 octobre 2017
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Résumé : La Méditerranée, l’été : une mer d’azur, un soleil de plomb… et 250 kilos d’or volés par Rhino et sa bande ! Ils ont trouvé la planque idéale : un village abandonné, coupé de tout, investi par une artiste en manque d’inspiration. Hélas, quelques invités surprise et deux flics vont contrecarrer leur plan : ce lieu paradisiaque, autrefois théâtre d’orgies et de happenings sauvages, va se transformer en un véritable champ de bataille… impitoyable et hallucinatoire !
Critique : Après avoir noyé les codes du giallo dans le malström onirico-sensoriel qu’étaient leurs deux premiers films, Amer et L’étrange couleur des larmes de ton corps, le duo Hélène Cattet et Bruno Forzani s’attaque à un autre genre qui fit le succès du cinéma bis transalpin, à savoir le western spaghetti. Même si le roman qu’ils adaptent s’apparente davantage à un polar, aussi psychédélique soit-il, les paysages solaires et l’usage massif d’armes à feu se prêtent parfaitement à un recyclage des gimmicks propres aux classiques de Sergio Leone et Corbucci, pour ne citer qu’eux.
Valeurs de plans, effets de lumières monochromatiques et de surimpressions, ambiances musicales, choix de cadrages... il est incontestable que les deux réalisateurs connaissent leurs références sur le bout des doigts et s’en donnent à cœur joie pour leur rendre hommage à chaque instant. Cette volonté de se réapproprier les codes de façon outrancière se fait dans un montage joyeusement foutraque qui, à l’inverse, ne donne jamais à leurs personnages le temps d’exister. L’exemple le plus flagrant est qu’il apparaît rapidement évident que le sound design prend plus de place que les dialogues. Un formalisme expérimental qui ne s’accorde aucunement à la construction d’une intrigue, mais qui au contraire devient vite épuisant à essayer de suivre.
- Copyright Shellac
Dans cette frénésie narrative qui nous empêche de nous attacher aux personnages, dont il est même difficile de retenir les noms, l’histoire qui se tisse est fort heureusement simpliste : celle d’un cambriolage qui va mal tourner après que les complices se retrouvent dans un lieu isolé et soient rejoints par des intrus inattendus. Cette trame légère est surtout le prétexte à une vaste fusillade qui, dans un montage aussi survolté, va vite s’avérer bien plus difficile encore à mettre dans un cadre spatial que celui de Free Fire. Toutefois, bien conscients du caractère harassant que peut avoir leur langage cinématographique post-moderne, les cinéastes ont la bonne idée de lever le pied sur leur sur-découpage à mi-parcours.
C’est ainsi que, alors qu’il avance, le long-métrage va de plus en plus s’accorder un travail sur la question du point de vue. De la même façon qu’avait pu le faire Bertrand Bonello dans Nocturama, certaines scènes vont se répéter afin de nous être montrées via le regard de chacun des protagonistes. Un dispositif qui nous permet à plusieurs reprises de saisir un minimum ce qui se passe à l’écran. Mais, Cattet et Forzani étant ce qu’ils sont, ces changements de points de vue vont aussi nous faire partager avec les personnages leurs hallucinations et justifier ainsi des scènes surréalistes, voire érotiques, nous renvoyant elles-aussi à l’imaginaire fétichiste propre au bis italien des années 60-70.
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Laissez bronzer les cadavres est une proposition assurément radicale, fruit d’un travail d’esthètes désireux de faire naître une certaine poésie sensorielle de l’extrême violence qu’ils filment. Les spectateurs qui furent hermétiques à l’excentricité des deux précédents films du duo n’ont que peu de chance d’accrocher davantage à la façon tout aussi abstraite avec laquelle Cattet et Forzani ont pu cette fois adapter un roman. A l’inverse, il est vraisemblable que les aficionados de leurs hommages au giallo, qui puisaient leur singularité dans le fait d’être libérés de réelle narration, trouvent contre-productif de voir cette fois leur style nébuleux mis au profit d’un scénario qui lui-même perd en lisibilité. Dans tous les cas cet OFNI reste une expérience à vivre, aussi bien pour les amateurs d’art contemporain que pour les cinéphiles avertis qui en garderont assurément des images choc imprimées sur la rétine.
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