La vie des gens - la critique + le test DVD

Un documentaire abordant avec un regard nouveau, dénué de misérabilisme, la solitude et la dépendance des personnes âgées. Pertinent !

L’argument : Saisons après saisons, la pétillante Françoise, infirmière libérale, illumine la vie des gens. Avec beaucoup d’humour et de tendresse, elle fait bien plus que soigner nos ainés... elle préserve le lien social.


© Tamasa Distribution

Notre avis : En 2011, le réalisateur Olivier Ducray avait mis en scène un premier court métrage, Champagne, qui traitait de l’isolement et de la solitude des personnes âgées. Un travail préalable à La vie des gens. Mais pour ce long métrage, le financement a été difficile. Il a été rendu possible grâce à cinq partenaires privés et une campagne de crowdfunding.
La dépendance et l’isolement de nos aînés n’est manifestement pas un sujet commercialement porteur, comme si on en avait peur. Peur de regarder des personnes âgées qui nous renvoient à la réalité de la vieillesse.
La vie des gens est un documentaire immersif. Pendant une année, du 1er janvier au 31 décembre 2013, on suit à Lyon la tournée quotidienne de Françoise Mermet-Maréchal, infirmière libérale âgée de soixante ans.
Ce documentaire se veut le plus proche de la réalité. Il n’a recours à aucun artifice, tel que l’utilisation d’une voix off. La caméra filme simplement le rapport étroit s’établissant entre Françoise et ses patients.
Cette infirmière libérale effectue tous les actes médicaux dont ont besoin ces personnes âgées. Elle prodigue les médicaments, les aide à se déplacer, fait des piqûres et évidemment la toilette. Comme elle le dit très justement, "la toilette que je fais aux personnes âgées, je les soigne dans le fait que je leur permets de garder une hygiène pour les garder en bonne santé et je pense que je leur soigne le moral."
Cette infirmière expérimentée évoque un point essentiel de son travail : le contact humain est aussi important que la compétence. Françoise fait bien plus que soigner ses patients. Lors de ses différents passages, avec sa bonne humeur constante ("moi voir les patients c’est que du bonheur"), elle apporte cette chose invisible et pourtant fondamentale qui s’appelle... la chaleur humaine.

© Tamasa Distribution

Ce documentaire n’élude pas pour autant la question de la solitude. Les patients de Françoise sont âgés, voire très âgés (95 ans pour la doyenne). Cette infirmière libérale, qui aime plaisanter, est parfois la seule personne que ces gens voient de toute leur journée. La solitude peut faire peur.
Françoise ne ment pas à ses patients sur ce sujet sensible. Elle "pense que la solitude c’est la pire des choses" alors qu’une vieille dame déclare : "j’en ai marre de cette putain de vie de con."
Avec une espérance de vie qui augmente continuellement, la solitude est une situation qui concernera de plus en plus de monde dans les années à venir. Dans un couple, on ne sait pas celui qui partira en premier et laissera l’autre dans ce sentiment d’isolement.
Le vieillissement de notre société est évoqué sans ambages par ce documentaire. S’il traite de la fin de vie, La vie des gens ne se veut pas pour autant larmoyant ou pessimiste.
Françoise est une femme guillerette, qui motive ces personnes âgées, afin de leur (re)donner goût à la vie. Elle est bien du côté des vivants, même si elle sait qu’un jour ou l’autre elle retrouvera un de ses patients décédé.

© Tamasa Distribution

Le documentaire d’Olivier Ducray est enrichissant puisqu’il donne également la parole aux personnes âgées. Généralement, on ne cherche pas à savoir ce qu’elles pensent. A tort car nos aînés ont des choses intéressantes à dire. Ils ont toujours une vie et sont même parfois heureux.
En les filmant dans leur quotidien le plus intime, pendant toute une année, Olivier Ducray touche à la véracité des faits, de manière bien plus pertinente que n’importe quelle fiction ; il amène le spectateur à porter un regard différent sur ces êtres, sans sombrer dans le pathos, mais tout en étant riche sur le plan émotionnel. Bref, un hymne à la vie qui devrait être remboursé par la Sécu tant ils nous concerne tous.


Un DVD bénéficiant d’un bon master pour le film et de bonus judicieux.

Les suppléments :

Les bonus sont bien fournis et constituent un excellent complément au film. Notons d’abord la possibilité de voir le film avec le commentaire audio du réalisateur.
L’éditeur a également eu la bonne idée de mettre en bonus Les anges anonymes (premier titre du film), pilote test réalisé en automne 2012 avec notre infirmière lyonnaise et plusieurs de ses patients.
On assiste aussi à une avant-première du film à Lyon, au cinéma Comoedia le 23 février 2015, à laquelle ont participé le réalisateur, plusieurs membres de son équipe et Françoise, où ils se sont livrés à un exercice de questions-réponses face au public.
Un coup de projecteur est aussi effectué sur la personne d’Emile Sermet, une des figures marquantes du documentaire. En 2012, il évoque sa carrière passée et l’évolution de la profession de médecin.
De manière plus anecdotique, on notera la présence du film-annonce et d’un lien permettant d’écouter la bande-originale sur internet.

L’image :
Le master est propre et l’image plus que satisfaisante.

Le son :
Un Dolby Digital 5.1 plutôt discret. A noter la très bonne initiative de l’éditeur permettant de disposer de sous-titres pour sourds et malentendants.