Une nuit à Madrid
Le 14 juillet 2011
Un joli film auquel manque l’étincelle qui donnerait vie à son réalisme poétique un rien figé et attendu.
- Réalisateur : Javier Rebollo
- Acteurs : Carmen Machi, Jan Budar, Pep Ricart, Isabelle Stoffel, Cruz López-Cortón
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Espagnol
- Date de sortie : 13 juillet 2011
- Plus d'informations : http://www.lamujersinpiano-lefilm.com/
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– Durée : 1h35mn
– Année de production : 2009
Un joli film auquel manque l’étincelle qui donnerait vie à son réalisme poétique un rien figé et attendu.
L’argument : Une femme aux abords de la cinquantaine, une femme parmi tant d’autres, décide une nuit de fuir sa vie de routine.
Sa fuite dure ce que dure la nuit, et avec elle apparaît un tout autre monde : surréel, absurde, fantastique.
Notre avis : Le visage presque impassible et le jeu retenu, à la fois intense et détaché, de Carmen Machi, faisant résonner inlassablement ses talons dans les rues désertées de la nuit madrilène, constituent assurément un des atouts majeurs du deuxième long-métrage de Javier Rebollo, après Lo que sé de Lola (2006).
L’actrice, célèbre à la télévision mais dont c’est le premier grand rôle au cinéma, réussit à rendre attachant le personnage de Rosa, la protagoniste pas très loquace de La mujer sin piano, n’en pouvant plus d’un quotidien peu exaltant rythmé par les visites de ses clientes (elle est esthéticienne) et les mornes repas pris en compagnie de son mari chauffeur de taxi, mais surtout accompagné en permanence d’un sifflement obsédant (un acouphène) qu’elle ne peut couvrir qu’en mettant la radio à fond.
Lorsque Rosa enlève le tableau accroché depuis toujours au dessus du lit conjugal (une scène de chasse) puis s’en va un soir, une valise à la main et une perruque sur la tête, pour se rendre dans une gare routière, décidée à prendre le premier bus en partance, aucune rupture de ton ne vient souligner le caractère exceptionnel de ces actes et le film ne se départira jamais d’une distance que le soin apporté à l’image (très belle photo de Santiago Racaj) ne fait que renforcer.
Cinéphile éclairé citant Walsh, Renoir, Dreyer, Fellini ou Truffaut, Rebollo est animé des meilleures intentions et applique rigoureusement un programme esthétique qui confère à l’ensemble une indéniable tenue. Mais son film n’échappe pas à la raideur, ni même à une certaine niaiserie : le personnage lunaire du maçon polonais maniaque de la réparation (téléphone portable en panne ou télé hors service de la chambre d’hôtel), interprété par l’acteur tchèque Jan Budar, reste bien théorique.
Il manque surtout ici la respiration, l’étincelle qui ferait sortir la dérive nocturne de Rosa des sentiers balisés d’un réalisme poétique finalement bien convenu.
Certains détails pourtant laissent entrevoir un cinéma plus libre et moins sous contrôle : l’utilisation ironique et parcimonieuse d’une musique trop grande, trop dramatique pour les situations banales qu’elle amplifie démesurément, le bruit d’un camion qu’on s’attend en vain à voir entrer dans le champ, un humour bienvenu bien qu’insistant et répétitif (l’antipathique serveuse-caissière du bar de la gare routière ou l’employé qui attend que Rosa soit arrivée devant son guichet pour sortir le panneau fermé ), un sens de l’absurde qui pointe le nez ici ou là.
Espérons que, mis en confiance par l’accueil très favorable réservé à cette Mujer sin piano primée à San Sebastiàn et à Toulouse, Javier Rebollo cesse de brider son talent par souci de (trop) bien faire et que son prochain film sera moins joli peut-être et mais aussi plus risqué.
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