Le 9 janvier 2024
Dans une ambiance à la fois sombre, feutrée et s’illuminant peu à peu de la présence des deux comédiens principaux, La dernière danse raconte les méandres ambigus d’une victime amoureuse de son agresseur. Un premier film honnête à l’effigie de l’actrice principale, Jessica Errero.
- Réalisateur : Sabry Jarod
- Acteurs : Jessica Errero, Sabry Jarod
- Genre : Drame, Thriller
- Nationalité : Français
- Distributeur : South Films
- Durée : 1h25mn
- Date de sortie : 10 janvier 2024
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Résumé : Élise se réveille dans une cave froide et humide. Attachée par des chaînes. Son ravisseur : un homme étrange et silencieux, tourmenté par la disparition de ses parents. Il s’est enfermé dans une bulle créative à son domicile et va obliger Élise à s’impliquer, qu’elle le veuille ou non. Jour après jour, il va la forcer à apprendre et répéter un ballet à l’intérieur de son garage qu’il a transformé en théâtre pour l’occasion. Mais pourquoi elle ? Et jusqu’où tout cela va t-il les mener ?
Critique : Elle a été enlevée au cours d’une nuit brumeuse, pour se retrouver dans une cave, enchaînée, aux prises avec un homme silencieux, étrange, hésitant entre la cruauté et l’admiration pour sa victime. La dernière danse s’engage sur le terrain du syndrome de Stockholm, maintes fois montré sur les écrans du monde. Le film met ainsi en scène deux personnages, un kidnappeur manifestement instable et immature, et une jeune femme, très belle, qui se soumet peu à peu aux fantasmes (bienveillants mais étranges) de son geôlier. Il la libère des liens qui la retiennent prisonnière, et au lieu de se sauver de cette maison macabre, elle demeure auprès de lui, sans chercher vraiment à s’en échapper, alors que les troubles psychiatriques s’enflent dans l’esprit de l’homme.
- Copyright South Films
L’originalité du propos demeure la transformation du lieu de privation de liberté en un espace de théâtre où la jeune femme accepte de réciter les textes qui lui sont imposés et s’adonne à la danse. L’enjeu principal de la fiction, on le comprend, se situe dans une forme de transcendance artistique d’un état de privation de liberté. Certes, elle tente parfois de se sauver, mais à peine, comme si elle avait fini par trouver dans cette relation une forme d’équilibre intérieur qui lui manque. Les décors sont minimalistes, la lumière est souvent sombre, et le récit se cantonne au face-à-face complice du bourreau et de sa victime. On perçoit assez vite la fascination du comédien réalisateur, Sabry Jarod, centrant la caméra sur la beauté de sa comédienne, Jessica Errero, qui ne faillit nullement en dépit de la situation stressante qu’elle vit. L’homme devient un metteur en scène admiratif de sa Muse, et cette dernière cède peu à peu à la complaisance d’un jeu théâtral que la profession du monde du spectacle lui refuse.
- Copyright South Films
L’actualité du moment vient à point nommé avec la sortie de ce long-métrage. Le kidnappeur est moins cruel qu’il n’est artiste, cherchant dans cet enlèvement à révéler les talents de danseuse et de comédienne de sa victime. Il n’y a aucun acte de violence sexuelle portée contre la jeune femme, à l’inverse même des tourments qui secouent actuellement le monde du cinéma. Cette privation de liberté au bénéfice de la création théâtrale devient presque vertueuse, permettant à la jeune prisonnière de prendre le pouvoir dans la relation avec son geôlier. La psychologie clinique se mêle au récit, mettant en exergue deux personnages habités par un passé sombre qui tentent de faire de leur art, un substitut à leurs existences malheureuses. La dernière danse constitue une première tentative de cinéma honnête, sérieuse, bien menée, dont on espère qu’elle permettra à son réalisateur de poursuivre son désir de film, à la manière du bourreau qu’il incarne, moins fasciné par les femmes que l’art théâtral auquel elles donnent naissance.
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