Le 27 septembre 2022
Une comédie douce-amère qui déploie des trésors de tendresse et d’humour pour se pencher, sans se prendre au sérieux, sur le sort d’une Éducation nationale malade.
- Réalisateurs : Carine May - Hakim Zouhani
- Acteurs : Rachida Brakni, Gilbert Melki, Mourad Boudaoud, Léonie Simaga, Raphaël Quenard, Anaïde Rozam, Sérigne M’Baye
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Distributeur : Haut et Court
- Durée : 1h34mn
- Date télé : 31 août 2023 22:34
- Chaîne : Canal+
- Date de sortie : 28 septembre 2022
- Festival : Festival de Cannes 2022
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Résumé : Jacques Prévert, école primaire en Seine-Saint-Denis, est menacée par l’arrivée d’un nouvel établissement scolaire bobo-écolo flambant neuf. Zahia la directrice de l’école, en quête de mixité sociale, s’associe à Marion, jeune instit pleine d’idées, pour créer la première « école verte » de banlieue et attirer les nouveaux habitants. Mais pour ça, il va falloir composer avec une équipe pédagogique disons… hétéroclite, et pas vraiment tournée vers la nature.
Critique : Originaires d’Aubervilliers, Carine May et Hakim Zouhani se sont fait remarquer en 2011 grâce à leur court-métrage, Rue des cités, une docu-fiction sensible et poétique sur la banlieue, présentée dans la programmation de l’ACID à Cannes. La virée à Paname en 2013, nommé aux Césars 2015 et sélectionné au French Film Festival, puis Molii en 2014 (Prix Spécial du Jury au festival de Clermont-Ferrand) confirment leur talent à dessiner les quartiers populaires d’aujourd’hui. C’est donc tout naturellement qu’ils choisissent d’observer les dysfonctionnements de l’école publique et tout particulièrement son refus croissant de mixité sociale et ethnique. Si le sujet est sérieux, notre duo de réalisateurs ne perd rien de sa légendaire bonne humeur.
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La narration sans esbroufe, que certains qualifieront sans doute de simpliste, ne s’encombre ni d’irrévérence, ni de circonvolution. Pas question de verbiage creux ou de dénonciation. À l’heure où l’enseignement s’appauvrit et se divise, inutile de larmoyer. Mieux vaut inventer de quoi le revigorer. C’est cette énergie du désespoir que traquent avec modestie mais efficacité May et Zouhani. La créativité pallie le manque de moyens, l’innovation masque les inégalités et la solidarité s’oppose au découragement du corps enseignant.
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La mise en scène joue la carte de la sobriété pour laisser se développer tout le potentiel humain des acteurs. Zahia, la directrice de l’école, interprétée par Rachida Brakni, coincée entre une hiérarchie imperméable à la réalité et ses convictions profondes, campe une héroïne militante à la fois touchante et déterminée. Malgré le scepticisme de sa collègue Ingrid (Léonie Simaga), adepte des méthodes d’éducation traditionnelles, la pimpante Marion (Anaïde Rozam), venue de son Puy-de-Dôme natal, emplie du désir de transmettre son amour de la nature, fait souffler un vent bucolique sur ces ensembles de béton et casse les codes d’une banlieue jugée ingrate dont on découvre l’appétit de vivre et l’ouverture d’esprit. Cette école ostracisée se transforme en espace d’avenir et de promesses où des hommes et des femmes non ou mal formés, venus de tous horizons, unissent leurs forces et contradictions pour faire jaillir un monde plus écologique et égalitaire. Un élan commun de bonne volonté qui verra simultanément l’apparition de relations amicales ou amoureuses totalement inattendues. Certes, la naïveté de certaines situations ne manquera pas de piquer au vif les plus esprits les plus rigoureux. Mais choisir de porter à l’écran des péripéties populaires, c’est prendre le risque de tomber dans l’angélisme ou le misérabilisme. Écueil qu’évitent habilement nos cinéastes, ex-animateur socioculturel pour l’un et ex-enseignante pour l’autre, grâce à la sincérité et l’altruisme qu’ils insufflent au creux de leur message.
Autant d’éléments auxquels s’ajoutent l’agilité de quelques échanges verbaux bien amenés et la musique planante de Yuksek pour faire de La cour des miracles une comédie sociale gaiement optimiste qui n’a d’autre ambition que de diffuser bonheur et espoir et de rappeler que l’union fait la force.
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