Le 22 septembre 2016
Un classique du film de science-fiction qui n’a rien perdu de sa force avec le temps.
- Réalisateur : Jack Arnold
- Acteurs : Paul Langton, Grant Williams, Randy Stuart, William Schallert
- Genre : Drame, Science-fiction, Fantastique, Épouvante-horreur, Noir et blanc
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Les Films du Paradoxe
- Durée : 1h21mn
- Date télé : 3 octobre 2024 22:40
- Chaîne : TCM Cinéma
- Titre original : The Incredible Shrinking Man
- Date de sortie : 15 mai 1957
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Résumé : Suite à un passage en pleine mer dans une nappe de brouillard radioactif, Scott Carey voit avec effarement son corps diminué de taille ! Il consulte les plus grandes sommités scientifiques qui ne peuvent que constater le phénomène... De plus, Scott retrécit toujours et nul ne peut prévoir jusqu’où le processus ira. Sa femme lui installe une petite maison de poupée, il ne mesure plus que vingt centimètres... Un jour, seul à la maison, Scott est attaqué par le chat de la maison...
Critique : La carrière cinématographique de Jack Arnold débute dès 1950 avec le méconnu With These Hands. C’est à partir de 1953 que le réalisateur américain s’illustre avec Le météore de la nuit. Jack Arnold vient de trouver son style de prédilection, la science-fiction obnubilée par la peur de la guerre froide. Cette angoisse ineffable se traduit par la suite en une araignée géante sourdant du néant dans le terrible Tarantula ! Dès 1955, Jack Arnold évoque nos peurs contemporaines à travers l’histoire de ce monstre radioactif qui préfigure l’avènement de l’ère atomique. Impression corroborée par la sortie de L’homme qui rétrécit en 1957. À l’origine, le long-métrage est l’adaptation d’un roman éponyme de Richard Matheson publié en 1956.
Premier constat, Jack Arnold respecte les grandes lignes de l’opuscule original. Certes, les contempteurs pesteront et tonneront après quelques petites peccadilles et différences notables. Par exemple, le roman se centre davantage sur la vie familiale et professionnelle de Scott Carey. Toutefois, Jack Arnold s’approprie le livre de Richard Matheson et propose une réflexion à la fois sociale, sociologique et même cosmologique sur ce mal étrange qui ronge cet homme sans histoire. Le speech est donc le suivant. Suite à un voyage en mer, le corps de Scott Carey est traversé par une immense brume radioactive.
Quelques semaines plus tard, son corps se délite et diminue progressivement de taille. Pour Scott Carey, c’est un long calvaire qui commence.
Non seulement il devient la risée des journaux et des médias mais en plus, il doit supporter les railleries et les quolibets de son entourage, au grand dam de son épouse. Ainsi, L’homme qui rétrécit se divise en deux parties bien distinctes. La première se veut résolument scientifique et rationnelle, cherchant à tout prix une explication à l’insondable. Hélas, même les médecins les plus érudits se heurtent à une barrière inextricable.
Réduit à quia et à un vulgaire cacochyme, Scott Carey doit désormais s’adapter un environnement hostile. Il doit alors affronter l’appétit pantagruélique d’un félin qui se tapit dans la maisonnée. Puis, suite à de nouvelles péripéties, il se retrouve quelque part dans sa cave. C’est la seconde partie du film.
Dès lors, Scott Carey doit survivre coûte que coûte et surtout obéir à ses besoins les plus élémentaires. Ainsi, un simple morceau de gruyère devient un véritable périple homérique. Chaque goutte d’eau se transforme en rivière quasi infranchissable. Chaque petit trou se transmute en immense précipice. Et gare à ne pas contrarier les appétences d’une araignée aux incroyables rotondités !
Si le film impressionne par sa technicité, sa virtuosité et son ingéniosité, le long-métrage étonne davantage par sa sagacité. La présence d’un félin et d’un arachnide ne sont que des simulacres pour mieux se centrer sur les émotions et la psyché en déliquescence de Scott Carey. Ainsi, le film nous convie dans l’autoscopie mentale de cet homme accaparé par son instinct de survie. L’homme qui rétrécit s’apparente alors à une allégorie sur la condition humaine.
Contrairement aux apparences, ce n’est pas l’homme qui domine Dame Nature, mais l’inverse. Au mieux, il la dompte et s’adapte à son milieu naturel. Au fil du récit, le périple de Scott Carey se transmue en épopée spirituelle, philosophique et cosmologique. Hagard, le héros n’a d’autre choix que d’accepter sa condition infinitésimale, celle qui le réduit à la taille d’une poupée, puis d’un vulgaire insecte pour ensuite revêtir les oripeaux d’un atome.
Le spectateur découvre alors un personnage à la fois médusé et opiniâtre qui ratiocine sur cette singularité primordiale, celle qui régit à la fois les préceptes énigmatiques de notre vaste univers, quelque part entre le Big Bang et ce néant indicible. Pour Jack Arnold, il existe un lien intrinsèque, un chaînon manquant entre ce vide incommensurable et les lois inexplicables de l’infiniment petit. Finalement, bien avant les théories de Stephen Hawkins sur la singularité des rayonnements cosmiques émis par les trous noirs, Jack Arnold pointait déjà les anfractuosités de notre vaste univers. Certes, par la suite, L’homme qui Rétrécit inspirera de nombreux épigones, notamment avec Chéri, J’ai rétréci les gosses (Joe Johnston, 1989), mais sans atteindre la quintessence du chef-d’œuvre de Jack Arnold.
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