Clip hip-hop toc
Le 10 décembre 2011
Les enfants gâtés d’Outkast débarquent sur grand écran dans un bonbon sans goût qui nous reste sur l’estomac. La musique est bonne, autant l’écouter chez soi.
- Réalisateur : Bryan Barber
- Acteurs : André Benjamin, Antwan Patton
- Genre : Musical
- Nationalité : Américain
- Durée : 2h05mn
- Titre original : Idlewild
- Date de sortie : 10 janvier 2007
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Les enfants gâtés d’Outkast débarquent sur grand écran dans un bonbon sans goût qui nous reste sur l’estomac. La musique est bonne, autant l’écouter chez soi.
L’argument : 1935. Il est un lieu de rêve où l’alcool et l’argent du jeu coulent à flots, où des filles peu farouches ne demandent qu’à danser toute la nuit. Niché dans la petite bourgade d’Idlewild, Géorgie, ce club s’appelle l’"Eglise". Percival s’y rend chaque soir pour jouer au piano, oublier un métier tuant et un père dominateur et envahissant. Un jour, il y rencontre la belle Angel, une chanteuse dont il tombe amoureux fou. Serait-ce enfin l’occasion de quitter Idlewild pour Chicago et tenter sa chance dans le showbiz ? Rooster, le gérant de l’Eglise, est le meilleur ami du timide Percy, et son exact opposé. Il a fort à faire pour tenir son personnel et sa très remuante clientèle, et sa situation devient franchement intenable lorsque le gangster Trumpy met le grappin sur son établissement. Mais ne serait-ce pas enfin l’occasion de se ranger et de retourner dans le giron de sa famille ?
Notre avis : Bon sang, quelle plaie ! Qui nous fait irrémédiablement revenir, tel un chien nostalgique sur la tombe de son défunt maître, à cette usante et usée interrogation typiquement pré-socratique : pourquoi ?! Pourquoi diable, lorsque des artistes se mettent à avoir du succès, veulent-ils en plus conquérir les marchés (appelons un chat, un chat) d’autres domaines, culturels ou non ? Sont-ce les méfaits galopants du vilain capitalisme ? Ou bien la frustration sociale des débuts difficiles qui, avec le succès, explose comme un crapaud fumeur et ne se soigne ad vitam qu’à coups de dollars en intraveineuse ? Ou encore l’ennui infantile des stars multi-platinées cherchant un autre jouet à briser, au cas où il s’agirait d’une tirelire ?
Difficile à dire. Le fait est que le groupe Outkast, qui nous intéresse ici, est sans aucun doute l’une des plus brillantes révélations musicales des ces dix dernières années. Que ses deux membres, Andre Benjamin et Antwan Patton, se mettent à faire du business en créant une ligne de vêtements pour dealers proxénètes bien sous tous rapports (Benjamin a même été élu "Homme le plus classe du monde", ce qui fera bien rire les amateurs de La classe américaine d’Hazanavicius !), cela n’y change rien. Mais quand ils "s’attaquent" au cinéma (terme éloquent employé dans le dossier de presse), nos deux conquistadors de pacotille nous font grincer des dents jusqu’aux gencives. Au moins Snoop Dogg a la décence de s’enfermer dans sa villa babylonienne pour tourner en cachette ses pornos nauséabonds et préfère jouer Huggy les bons tuyaux (tellement bons que l’on peut les fumer) dans Starsky et Hutch plutôt que Malcolm X (rien à voir avec un porno bien entendu).
L’idée de départ n’est pourtant pas mauvaise. Faire jouer nos deux lascars dans un film de gangsters style années 30, prohibition etc., est toujours plus excitant qu’imaginer le pauvre Vincent Delerm dans le remake constipé de n’importe quel Truffaut. Malheureusement le tâcheron aux commandes du film est un réalisateur de clips. Lorsqu’on a dit ça, on a tout dit. De fait, le film est parsemé de performances musicales agréables (hormis les ralentis vomitifs) qui sont autant de petits îlots salvateurs auxquels on s’accroche après avoir traversé péniblement, et presque en apnée, un océan de poncifs. Bref, l’ambiance juke-box chrome et acajou tourne vite à la music-box en bois de cagette Ikea. Du toc en stock. Noyé dans les clichés, nous buvons la tasse. L’addition est salée. Seule l’immense Macy Gray tire son épingle du jeu en interprétant un rôle en accord avec sa magistrale voix de vieux saxophone lubrique, comme rouillé par une salive séminale hédoniste. Merci Macy, mais non, cela ne sauve pas le film du naufrage.
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