Le 29 janvier 2021
On a peut-être trouvé le Blair Witch des années 2020, l’humour sardonique en plus : Host. Ce film d’épouvante transforme une séance de spiritisme virtuel en live screaming, avec le mordant d’un Sam Raimi, même si la deuxième partie s’avère beaucoup plus décevante, cédant aux effets, par manque d’imagination.
- Réalisateur : Rob Savage
- Acteurs : Haley Bishop, Emma Louise Webb
- Genre : Épouvante-horreur
- Nationalité : Britannique
- Durée : Oh54min
- Festival : Festival de Gérardmer 2021
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Résumé : Six amis engagent un medium pour une séance de spiritisme sur Zoom pendant le confinement. Très vite, la situation dégénère quand ils réalisent qu’ils ont laissé entrer un esprit maléfique chez eux… Survivront-ils à la nuit ?
Critique : Fondé, comme ses devanciers Unfriended (2014) ou Friend Request (2016) sur le principe de la peur qui transite par ordinateur - on pourrait même citer le très inquiétant Kaïro en tant qu’ancêtre technologique - Host lorgne surtout sur Paranormal Activity et le matriciel Projet Blair Witch, tout en s’éloignant du found footage, par un montage assurément malin et une capacité à jouer sur l’attente du spectateur. Ce film d’épouvante, qui dure moins d’une heure, est la création circonstancielle par excellence, tournée en pleine période de confinement, où nos vies soudainement recluses ont popularisé des plateformes de visioconférence comme Zoom. C’est par ce biais que six amis, dont cinq jeunes femmes, décident de se livrer à une expérience en forme de cliché : une séance de spiritisme via un médium, histoire de jouer avec la peur. Ambiances sombres et bougies idoines configureraient des scènes stéréotypées si elles s’unissaient dans le cadre d’un seul écran. Les personnages formeraient un cercle réglementaire pour reproduire une séquence déjà vue mille fois. Mais ici, ce sont des vies morcelées, géométriquement séparées, comme le sont nos existences confinées, où chacun existe en parallèle des autres, tout en se sentant appartenir à une communauté d’esprit, vivant la même expérience.
Le réalisateur prend la situation au mot, en engendrant les conséquences réelles d’un malaise invisible, nanti d’une valeur à la fois symbolique et polysémique. Au-delà d’une expérience qui tourne mal - le scénario n’est pas original - cette catastrophe a beaucoup à voir avec les conséquences de nos vies virtuelles, d’un ennui presque métaphysique, où l’on est prêt à se divertir à n’importe quel prix, faute de pouvoir l’envisager par le biais du réel. D’autres feront valoir des enjeux plus moraux sur le thème de la punition, vieille rengaine du slasher movie.
Mais on peut tout simplement prendre Host pour ce qu’il est, c’est-à-dire l’investissement habile, la déclinaison horrifique d’un nouveau genre né d’une terrible situation sanitaire : le film de confinement. Ici, la myriade d’écrans disséminés dans l’écran crée des effets de mise en abyme d’abord très efficaces, chacun devenant à la fois un potentiel spectateur et une potentielle victime, tandis que nous surplombons ce délicieux moment d’effroi en furetant dans les cases, qui multiplient, comme autant de victimes potentielles, les possibilités de frissonner. Lorsque la nécessité dramatique impose un cadre plus large, l’épouvante prend alors sa pleine dimension, dans tous les sens du terme.
Ce moyen métrage, lové dans le format d’une navigation numérique, est d’abord une très bonne surprise. Hélas, les vingt dernières minutes s’avèrent plus décevantes, comme si le réalisateur se heurtait aux limites d’un dispositif, dont il ne sait plus quoi faire, après en avoir exploité toutes les possibilités. Cédant aux facilités du jump scare, le scénario s’égare alors dans une impasse qui va de pair avec la multiplication des effets visuels. Dommage.
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