Le 30 juin 2017
Fondato signe une comédie sans grand éclat, mais sauvée par des comédiens brillants.
- Réalisateur : Marcello Fondato
- Acteurs : Claudia Cardinale, Monica Vitti, Vittorio Gassman, Giancarlo Giannini
- Genre : Comédie, Drame, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters
- Distributeur : UGC Distribution, CFDC
- Editeur vidéo : ESC Éditions
- Durée : 1h40mn
- Box-office : 158.861 enytrées Paris Périphérie
- Titre original : A Mezzanotte va la ronda del piacere
- Date de sortie : 6 avril 1977
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– Sortie DVD : le 27 juin 2017
– Année de production : 1975
Résumé : Tina est jugée pour le meurtre de son compagnon Gino. Malgré la violence évidente de leur relation, une des jurées croit en l’innocence de la suspecte et commence à enquêter de son côté.
Notre avis : De Marcello Fondato, on connaît surtout en France son film avec le tandem Bud Spencer / Terence Hill, ce qui n’est pas a priori très affriolant. De fait, Histoire d’aimer, s’il n’a rien de catastrophique, n’égale pas les grandes comédies italiennes. Le scénario provoque rarement le rire, malgré l’abattage des acteurs, et en particulier Monica Vitti qui incarne une femme de ménage plutôt vulgaire accusée d’avoir tué son mari. Le couple, gras et aussi amoureux qu’infidèle, passe son temps à se gifler, s’insulter, puis se réconcilier : de cette vie morne et répétitive (c’est d’ailleurs l’un des problèmes du film que cette répétition), ils tirent une manière de bonheur aliéné basé sur une sexualité débordante et le cinéaste fait un lien direct entre amour et violence, l’une provoquant l’autre. Pour le féminisme, on repassera évidemment, mais pour autant, les portraits masculins ne sont pas tendres : Gino, le faux assassiné est un paresseux stupide. Quant à l’autre couple, incarné avec la froideur adéquate par Claudia Cardinale et Vittorio Gassman, impériaux, il est régi par une autre violence, verbale et glacée : lui est un homme d’affaires ambigu obsédé par le fisc et l’argent, et il méprise sa femme docile qui ne semble pas non plus d’une intelligence remarquable. Elle, écrasée, devient jurée au procès et prend fait et cause pour Tina ; peu à peu elle s’affermit, sous l’effet des récits au tribunal. Les deux femmes ont en commun la fascination pour un homme odieux (mais l’un éprouve des sentiments, l’autre est un lâche égoïste) et une aliénation à la Madame Bovary, leur « culture » déformant leur vision : Gabriella trouve le procès cinématographique plus vrai que celui auquel elle assiste, croit à l’horoscope, aux tarots et aux tables tournantes, Tina cite un roman-photo.
C’est, malgré le ton humoristique, un monde bien sinistre que nous montre Histoire d’aimer : la justice est médiocre, l’avocat emphatique, les humains en général guidés par leurs pulsions. Même les détails égratignent : la sœur, au début, recommande à Tina la prière parce que ça lui fera passer le temps et quand Gabriella succombe à l’adultère, elle dit à son amant : « tu sauves une gourde du paradis », ce qui en Italie n’est pas anodin. De la même manière, partout règne l’autosatisfaction stupide, du boxeur qui a perdu tous ses combats à Andrea et ses dialogues pathétiques. Il n’est sans doute pas innocent dans ce cadre que Gino soit « mort » en tombant dans une décharge : c’est l’état du monde, aussi bien dans les beaux quartiers que chez le bas peuple.
Malgré quelques audaces (Vitti s’adressant au juge depuis des flash-back), la réalisation de Fondato est très sage et morne : il ne parvient pas à gommer les faiblesses d’un scénario qu’il a par ailleurs co-écrit et si l’on rit parfois, c’est grâce à des comédiens majeurs, à l’aise dans le cabotinage (Vitti et Giannini) comme dans la retenue (Gassman et Cardinale). Mais il faut avouer que les dialogues ont de temps en temps une truculence réjouissante qui les aide à briller, ce qui, au fond, fait de cette comédie sans génie un spectacle agréable à défaut d’être inoubliable.
Les suppléments :
On a droit à l’habituelle et longue série de bande-annonces de la collection (15mn) et surtout l’éclairage intéressant de Stéphane Roux (9mn) sur le cinéaste, les conditions du tournage et les fameux caprices de Monica Vitti.
L’image :
La copie comporte quelques parasites peu gênants, mais surtout l’image est mal définie et tressaute parfois.
Le son :
Le son stéréo 2.0 manque de raffinement et paraît souvent sourd et désagréable ; c’est valable pour la VO comme pour la VF, même si cette dernière a en plus assez mal vieilli.
Galerie Photos
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