Le 18 novembre 2024
Pour son premier film au cinéma, l’Américaine India Donaldson réalise une œuvre absolument originale où le malentendu et l’ambiguïté des personnages emportent les spectateurs dans une comédie dramatique, sensible et mystérieuse.
- Réalisateur : India Donaldson
- Acteurs : James LeGros, Danny McCarthy, Lily Collias, Diana Irvine
- Genre : Comédie dramatique, Teen movie
- Nationalité : Américain
- Distributeur : New Story
- Durée : 1h30mn
- Date de sortie : 13 novembre 2024
- Festival : Festival de Cannes 2024
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Résumé : Sam, dix-sept ans, préférerait passer le week-end avec ses amis, mais elle accepte de rejoindre son père Chris, dans la région des montagnes Catskills de l’Etat de New York. Un endroit paradisiaque où Matt, l’ami de toujours de Chris, est hélas également convié.
Critique : Sam a dix-sept ans. C’est un âge, dirait le poète, où l’on n’est pas sérieux. Et pourtant, il y a chez cette jeune fille une très grande sagesse, face à ces deux mecs, son père et son meilleur ami, qui, quand ils ne se disputent pas, s’égarent dans un narcissisme désolant. Good One est donc le récit d’un inversement avec une adolescente mature, et des hommes d’une franche désinvolture. Le trio s’engage dans une randonnée de trois jours, dans la région des montagnes Catskills de l’État de New York, loin d’ailleurs des représentations que le spectateur français peut se faire des États-Unis. Il y a dans ce récit de voyage une forme d’épreuve initiatique, mettant chacun des personnages en face de ses espoirs, désillusions et frustrations.
- Copyright International Pigeon Production
L’actrice Lily Collias est présente d’un bout à l’autre de ce quasi-road movie à travers une forêt aussi merveilleuse qu’hostile. On ressent avec elle l’humidité des arbres, le froid qui étreint les paysages et le risque de se faire dévorer par un ours affamé. En réalité, les deux vrais ennemis de cette jeune fille demeurent ces deux bonhommes avec qui elle accepte étrangement de passer trois jours dans l’isolement total, au détriment d’un week-end festif avec sa petite amie. Le trouble est permanent et s’accentue au fur et à mesure que la traversée de la forêt se poursuit. On pressent le risque d’un passage à l’acte, d’un mot de trop, ou d’un geste déplacé. La réalisatrice refuse d’ailleurs de solder l’énigme, laissant au spectateur de le choix de décider ce qui a pu se passer entre ces trois êtres autant paumés que terriblement esseulés.
Good One est très loin du cinéma tapageur de Roger Donaldson, le père de la réalisatrice. India Donaldson prend le revers de la grandiloquence du Pic de Dante par exemple, pour privilégier un récit intimiste, dans un espace sauvage qui n’a d’autre intérêt que de révéler la matière ambiguë qui structure la relation entre la fille et son père. À sa manière, Sofia Coppola s’était enquise de travailler la relation au père dans sans doute son meilleur long-métrage, Somewhere. On retrouve beaucoup de cette même ambition secrète, que de chercher à se libérer d’une relation avec un père trop étouffant, même si la réalisatrice évite de réduire ses personnages masculins à des stéréotypes qui auraient fait craindre un énième film féministe. Toute la dernière séquence décrit avec brio la façon dont la jeune héroïne parvient à s’émanciper de ce père, et de l’ami de ce dernier, en chargeant leur sac à dos de cailloux, là où elle se précipite seule sur la crête de la montagne.
- Copyright International Pigeon Production
Good One refuse le psychologisme facile. Le long-métrage se débat entre la figure lisse de l’adolescente et le trouble qui s’empare peu à peu d’elle. Les deux hommes qui gravitent autour d’elle alternent entre des comportements épris d’humanité, et des secrets ténébreux qui semblent les broyer de l’intérieur. Elle-même paraît insaisissable. On perçoit dans son regard le poids des pierres qu’elle va charger dans les poches de ses deux accompagnateurs. Et pourtant, elle n’en dit rien, comme si les mots étaient insuffisants face à l’aspérité des paysages.
Good One s’affirme comme un long-métrage d’un très grande originalité. On pourra regretter une écriture parfois trop elliptique qui ne révèle pas suffisamment de choses pour provoquer l’émotion totale du spectateur. En effet, par certains moments, on regarde le trio avec une certaine froideur, un certain détachement, sans doute du fait de la trop grande maturité de l’adolescente. On voudrait bien maintenant découvrir la prochaine œuvre au cinéma d’India Donaldson qui, sans aucune doute, entreprendra un pas supplémentaire dans la matière invisible de l’humanité.
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