Glue saison 1 - la critique de la série

La nouvelle série de Jack Thorne (Skins, This is England) plonge sa caméra dans la fange opaque d’une Angleterre désenchantée. Cette première saison est sombre et convaincante.

L’argument : Quand le corps d’un adolescent, Caleb, est retrouvé sous les roues d’un tracteur, ses amis craignent de voir leurs secrets exposés aux yeux de tous. La petite bande ...

Notre avis : Diffusé sur Channel 4, entre les mois de septembre et novembre 2014, Glue a fait sensation auprès des spectateurs britanniques. En dévoilant les vies et secrets d’un groupe d’adolescents isolés dans la campagne du sud-est du pays, où les carrières et ambitions de chacun stagnent autant que les mentalités médiocres, le scénariste Jack Thorne (Skins) plonge dans les noirceurs de l’âme humaine et sonde la fange du déterminisme et le poids destructeur de la famille, en apposant les communautés, d’un côté les locaux, troubles, et d’un autre, une communauté de Rroms qui l’est tout autant. En guise de trait d’union entre ces deux mondes, Ruth, une jeune policière, intuitive, et Eli, le frère de Caleb, jeune homme de 14 ans, retrouvé assassiné dans le premier épisode, à l’issue d’une séquence d’investiture belle et étrange, qui décrit les jeux morbides d’une jeunesse dans l’errance.
Jamais provoc’ ou gratuit, contrairement à la série Skins, Glue s’inscrit davantage dans la lignée de Twin Peaks (un corps d’adolescent au passé opaque retrouvé chamboule les communautés) ou de Broadchurch (le corps d’un enfant mort émeut également une bourgade britannique). Certes, on aborde les ravages de la drogue chez les adolescents, la pédophilie, la corruption qui gangrène les autorités, mais ces thèmes servent une intrigue bien ficelée qui met un point d’honneur à construire des personnages complexes, où les clivages entre le bien et le mal se brouillent de façon jubilatoire.

Si l’on peut ici et là regretter quelques baisses de rythme inhérentes au genre télévisuel, la série captive toujours. Ses scènes éthérées, hantées par le fantôme de la victime qui visite parfois le récit, donne une vraie beauté aux images et inculquent une émotion palpable à cette étrange série de 8 épisodes, d’environ 45mn par segment. La musique participe à cet élan émotionnel avec une bande-originale ad-hoc qui laisse une empreinte irréelle.
Quant à l’accomplissement narratif, tragique et déroutant, il souligne le gâchis humain d’une jeunesse exposée à des drames ingérables, et brisée par des fêlures indélébile. Il est à la hauteur de l’ensemble. Bref, Glue est plus que recommandable. C’est l’une de ces bonnes surprises de cette rentrée 2015.

Le DVD

Proposé chez EOne-Wild Side, le DVD composé de deux disques propose en seul bonus 8 scènes supplémentaires qui viennent, tel un agenda, remonter le temps avant le crime de Caleb. On aurait aimé pouvoir profiter d’une lecture continue de ces morceaux plus ou moins courts, qui ont le mérite de redonner au mort, Cal, un rôle et une présence plus physique.
L’image ne démérite pas, malgré les limites de son support, et le son 5.1 DD, en VO et VF, profite surtout au score. L’habillage surround étant un peu indigent au niveau des arrières.