Collection Comédie Française
Le 15 août 2012
Un quasi-classique qui trouve dans la mise en scène d’Irène Bonnaud la pleine mesure de sa gravité.
- Acteurs : Andrzej Seweryn, Jean-Baptiste Malartre, Catherine Ferran, Marie-Sophie Ferdane, Gilles David
- Genre : Drame, Théâtre
- Editeur vidéo : Éditions Montparnasse
- Durée : 2h44mn
- Date de sortie : 1er novembre 2008
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– Spectacle enregistré le 1e novembre 2008
– Date de sortie DVD : le 21 août 2012
Un quasi-classique qui trouve dans la mise en scène d’Irène Bonnaud la pleine mesure de sa gravité.
L’argument : Fanny est amoureuse de Marius, le fils de César. Cependant mettre les voiles pour prendre le grand large apparaît à ce jeune homme plus excitant que rester derrière le comptoir du bar de son père ou dans les bras de la charmante vendeuse de coquillages. Marius s’embarquera donc sur un bateau pour faire le tour du monde, laissant son amante à sa solitude et son père à sa honte. Ainsi s’achève Marius, premier volet de la "trilogie marseillaise". Avec Fanny, on se retrouve sur le Vieux Port. Tous les jours, César et la belle jeune femme se morfondent en attendant une lettre du fils et de l’aimé. Au Bar de la Marine, la joyeuse compagnie de leurs amis discute, aussi sérieusement que s’il s’agissait d’une partie de belote, de cette triste situation.
Notre avis : Pagnol : ce simple nom pourvoie à lui seul son lot de clichés tantôt naïfs, tantôt attachants. Mais derrière l’imagerie pittoresque - celle d’un écrivain du terroir au regard sirupeux, accoudé au comptoir d’un troquet bavard et fumant sa pipe - se cache une oeuvre, dense et complexe : la critique sèche du conformisme petit-bourgeois, l’analyse au scalpel des passions bridées par le poids des mécanismes sociaux. Un alcool au goût bien amer. Des accents de Sud, peut-être... mais ce Sud-là ne ressemble pas à celui des feuilletons télé. C’est un Sud inventeur de mythes, à quelques noeuds des premiers amphithéâtres et des masques antiques.
C’est vrai : au premier abord, le style de l’auteur ne paie pas de mine. Certaines tournures sont vieillies ; certaines images, empesées. Mais Marcel est un génial inventeur de caractères, et ses personnages ressemblent à ceux d’un Molière, dans leur mélange contradictoire de folie et de faiblesse, troublés qu’ils sont par leur humeur changeante, tels de grands enfants malades.
Des mélanges, oui : de couleur, de style. Si Fanny ne cesse de séduire, c’est peut-être parce qu’elle oscille entre le ton populaire de la comédie proverbiale, et le climat feutré du drame social. Souvent, la gravité surgit au détour d’une réplique, à l’impromptu, lorsqu’est évoqué le sort de Marius - un garnement, un traître, un fantôme ! Ou lorsque les personnages prennent brusquement conscience d’appartenir à une société sclérosée par le conformisme, agissant sous l’emprise de l’intérêt et de la faiblesse.
Cette mélancolie propre au texte de Pagnol, Irène Bonnaud a su la mettre en valeur avec force. Sa mise en scène oscille entre les conventions de la comédie populaire - décor du comptoir, qui semble bricolé avec trois fois rien - et des moments plus graves, audacieux, où les personnages cessent d’être des acteurs de comédie. Panisse, incarné par l’époustouflant Andrzej Seweryn, véhicule une émotion rare dans les captations de pièces de théâtre. Il faut dire que l’ensemble est filmé de manière dynamique, ménageant gros plans et autres effets de cadrage pour faire oublier le côté artificiel de l’exercice. La mise en scène regorge d’astuces, comme de faire jouer par Stéphane Varupenne trois personnages différents - cela permet de faire planer le spectre de Marius. Les comédiens livrent des performances généreuses. Il faudrait tous les nommer. Véritable réussite, la pièce fournira un support pédagogique majeur aux enseignants, captivera les passionnés, et convaincra les réfractaires que le théâtre peut encore livrer autre chose que des postures nombrilistes.
Les suppléments :
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Aucun bonus, mais cela ne gâche pas la mise. Tout au plus regrettera-t-on de ne pas entendre Irène Bonnaud commenter ses choix de mise en scène.
L’image :
La restitution des contrastes est de bonne qualité. Pas besoin de se fatiguer les yeux pour apercevoir les jeux d’éclairage. Les couleurs sont flamboyantes, à l’image des comédiens. Le format 16/9 capte avec ampleur l’espace scénique.
Le son :
Rien à redire. La netteté permet d’apprécier la pièce dans toute sa valeur. Les répliques sont distinctes, tout comme les timbres de voix. Le format stéréo permet de dissocier celles des comédiens des rires de spectateurs. Tant mieux d’ailleurs, car ces derniers, comme c’est souvent le cas au théâtre, faussent parfois l’atmosphère de la pièce, intervenant à des moments où la tension est ironique.
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