Le 9 septembre 2017
Une relecture hardboiled de la Bible par un vieux punk cinéphile... que demander de plus ?
- Réalisateur : Marco Laguna
- Acteurs : Bouli Lanners, Young Dee, Philippe Guenion
- Genre : Fantastique, Expérimental, Film de gangsters, Trash
- Nationalité : Belge
- Durée : 1h30mn
- Festival : L’Etrange Festival 2017
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Résumé : Il était une fois, dans un futur pas si lointain, Dago Cassandra,un truand un peu minable qui s’était lancé dans une quête pour supprimer les 12 bâtards de Lucifer. Quand soudain…
Notre avis : Dès le pré-générique, on est dans le vif du sujet : celui de la référence. La violence urbaine filmée en 16 mm et en noir et blanc de ces premières secondes nous entraîne dans les codes les plus classiques du film noir... pour plus vite nous en extraire. Scène après scène, le film nous balade d’un univers cinématographique à l’autre sans jamais s’accrocher à l’un d’eux et nous perd ainsi dans un maelstrom cinématographique baroque tout droit sorti de l’esprit anarchiste de son auteur. Le Belge Marco Laguna, ancien rockeur des années 80 depuis reconverti en producteur de vidéos musicales, a mis pas moins de cinq ans à filmer son long-métrage, sans le budget ni les moyens qu’il nécessitait.
Avant même les innombrables références filmiques, de Howard Hawks à David Lynch en passant par Kinji Fukasaku et Tobe Hooper, la première source d’inspiration du réalisateur est la Bible. En effet, son scénario, si tant est qu’on puisse imaginer que le récit ne s’est pas écrit au gré des séances de tournage, est truffé de punchlines calquées sur les Saintes Ecritures, créant un formidable décalage avec la violence trash des images. De ce paradoxe, naît un doute sur la vraie nature du personnage principal, à savoir s’il s’agit d’un serial-killer illuminé ou, comme il le prétend, un envoyé de Dieu missionné pour tuer les hérauts de Satan. Toute cette ambiguïté, qui rend cet anti-héros si intéressant à suivre, va cependant vite être réglée par ce script qui lui préfère une mécanique de chapitrage favorisant les scènes surprenantes à un ensemble cohérent.
Tourné en Belgique mais dans la langue anglaise, le film se donne comme défi formel de nous faire croire qu’il a été tourné aux Etats-Unis. Un pari réussi, tout du moins dans sa première partie, à l’esprit très redneck-movie. Après cela, la mise en scène ne cesse pas pour autant de nous étonner, en particulier dans deux scènes de courses-poursuites, l’une à pied, magistralement sur-découpée, et la seconde en voiture, qui n’a rien à envier à certains blockbusters spectaculaires. C’est justement à cette occasion qu’apparaît Bouli Lanners, seul véritable acteur à participer au projet. Celui qui offre ses traits au rôle principal, Wild Dee est, comme le réalisateur, un ancien musicien, mais son physique, à mi-chemin entre Albert Dupontel et Robert De Niro, se prête à merveille à ce vieux stéréotype de gros dur qu’il incarne.
Complétement foutraque, gore, caricatural, poétique et anxiogène, Doubleplusungood forme un objet abstrait, au bord du surréalisme, comme on n’en trouve nulle part ailleurs qu’à l’Etrange Festival.
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