Le 11 juillet 2023
Entre nous raconte l’amour sous toutes ses formes à travers un portrait de deux jeunes femmes amoureuses, perturbées par l’arrivée d’un colocataire. Si l’idée est plutôt bonne, la mise en scène romantique et excessive en fait perdre tout l’intérêt.
- Réalisateur : Jude Bauman
- Acteurs : William Mesguich, Jean-François Stévenin, Amandine Noworyta, Iris Jodorowsky
- Genre : Comédie dramatique, LGBTQIA+
- Nationalité : Français
- Distributeur : KapFilms
- Durée : 1h37mn
- Date de sortie : 12 juillet 2023
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Résumé : Élodie et Laetitia vivent un amour fusionnel et rêvent d’avoir un enfant par PMA (procréation médicalement assistée). Alors qu’Élodie découvre qu’elle ne peut pas tomber enceinte à cause d’un problème de santé, et que des ennuis financiers viennent contrarier leur projet, elles décident de prendre un colocataire.
Critique : C’est l’histoire d’une relation amoureuse entre deux jeunes femmes traversées par des problèmes d’argent et l’impossibilité de mettre au monde un enfant. Elles sont jolies toutes les deux, intelligentes, sensibles, jeunes, habitées par mille projets, et le destin semble propice à les protéger de toutes les formes du malheur. Et elles décident d’accueillir un colocataire, histoire d’arrondir leurs fins de mois, et peut-être d’apporter un peu plus de fantaisie à leur romance parisienne. Entre nous est un long-métrage sincère, tendre, qui tente d’envisager l’homosexualité féminine en dehors des clichés qu’on lui connaît. Les dialogues et la mise en scène, plutôt classiques ne gâchent pas le plaisir d’un long-métrage dont on aurait peut-être préféré qu’il trouve sa place sur un écran de télévision.
Le format pose en effet un certain nombre de problèmes. Le récit a certes du charme, mais il manque à cette romance une certain d’ambition cinématographique. Les personnages, jusqu’au colocataire, se cherchent une place sociale qui hésite entre la revendication de leurs existences hors norme et, en réalité, une conformité assez ennuyeuse à la vie bourgeoise et parisienne. L’appartement des deux jeunes femmes n’a rien à voir par exemple avec un intérieur de filles fauchées : les livres de psychologie tapissent les murs, la cuisine équipée rutile au milieu du piano, des vaisselles luxuriantes et des apparats bohèmes.
- © 2023 CB Partners, KapFilms. Tous droits réservés.
Le souci principal du long-métrage demeure l’ambivalence de l’écriture. Le réalisateur, Jude Bauman, ne parvient pas à choisir entre la romance sentimentale, le portrait social et le drame sensuel qui met à l’honneur les corps féminins. La photographie recherche absolument le romantisme à travers des images très soignées, voire très hygiéniques. En fait, Entre nous manque sensiblement de fantaisie. La fiction ne parvient pas à se départir d’un style finalement assez normatif où les conflits éclatent au milieu de scènes d’amour excessives. Les dialogues ne fonctionnent pas vraiment surtout quand ils s’invitent dans des scènes assez surréalistes où le colocataire passe l’aspirateur en citant des poètes et des philosophes. Le vrai défaut d’Entre nous se situe donc dans l’écriture. Le scénario ne décolle pas malgré l’intensité que les comédiens apportent à leur rôle. Les échanges entre les protagonistes assument une forme de profondeur romanesque mais qui contraste avec les espaces où ils se déroulent comme un bord de piscine ou une boutique de vêtements.
- © 2023 CB Partners, KapFilms. Tous droits réservés.
Entre nous est dédicacé à Jean-François Stévenin décédé la même année que la production du film. Le comédien s’investit dans ce rôle de père de substitution avec une franche bonhomie. Les deux comédiennes principales prennent leur rôle à bras le corps mais les dialogues si évidents, ou au contraire trop écrits viennent nuire à la sincérité du jeu des acteurs. L’émotion est à chaque fois contrecarrée par une mise en scène, un travail sur l’image et les lumières, un choix de costumes, une musique d’accompagnement infiniment scolaires ou en contradiction avec le propos général du film.
Bref, nous serons passés à côté de cette comédie dramatique romantique à trois voix où l’on perçoit l’intention du réalisateur de dépeindre les comportements toxiques de ce colocataire. Si les accents rohmériens sont incontestables, il faudra encore un peu de maturité supplémentaire dans l’écriture pour donner corps à un projet véritablement cinématographique.
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