Le 5 avril 2022
Un voyage en Uruguay pour découvrir, entre impassibilité et tension, les transformations du monde rural et ses conséquences.
- Réalisateur : Manuel Nieto Zas
- Acteurs : Nahuel Pérez Biscayart, Jean-Pierre Noher, Christian Borges, Justina Bustos, Fatima Quintanilla
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Brésilien, Argentin, Uruguayen
- Distributeur : Eurozoom
- Durée : 1h46mn
- Titre original : El empleado y el patron
- Date de sortie : 6 avril 2022
- Festival : Festival de Cannes 2021, Festival Film International Amiens 2021
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Résumé : Un petit patron agricole, préoccupé par la santé de son bébé, tente de conjuguer sa vie personnelle à son travail chronophage. Pour son exploitation de soja, il recrute un jeune homme de dix-huit ans qui a un besoin urgent de gagner de l’argent pour subvenir aux besoins de sa famille, récemment agrandie. Un jour un terrible événement advient sur la plantation.
Critique : Derrière l’apparente sérénité de ces hautes plaines herbeuses situées à la frontière de l’Uruguay et du Brésil se joue le sort de nombreux agriculteurs qui, après la crise économique du début des années 2000, ont perdu le contrôle de leurs terres au profit de grandes exploitations agricoles. La culture du gaucho, symbolisée par l’élevage de bovins et d’ovins et la présence de chevaux, a laissé la place aux engins motorisés. Les cow-boys se sont reconvertis en conducteurs de camion et de tracteurs. C’est cette transformation que le réalisateur argentin Manuel Nieto Zas qui, grâce à ses deux films précédents La Perrera et El lugar del hijo a déjà gagné une reconnaissance internationale, observe avec distance pour révéler sans à coups les comportements humains dans une société de plus en plus codifiée.
- © 2021 Paraiso Production. Tous droits réservés.
Pour faire tourner son exploitation agricole, Rodrigo (l’excellent Nahuel Perez Biscayart) peine à recruter du personnel capable de manœuvrer de grosses machines, alors que deux de ses salariés viennent de le lâcher. Il se tourne vers un ancien employé de son père. L’homme, désormais trop âgé, propose la candidature de son fils. Un tout jeune homme cependant déjà marié et père de famille, qui a besoin de gagner sa vie. Passionné de chevaux et désireux avant tout de participer au raid équestre de Santa Clara doté de nombreuses récompenses, il accepte, bien qu’il n’ait pas les permis adéquats, de travailler pour Rodrigo.
Après nous avoir embarqué vers quelques voies sans issue propres à brouiller l’objectif initial, le récit prend la forme du western gardian mâtiné de thriller en se focalisant sur la relation équivoque entre les deux jeunes hommes. Bien que chacun d’un côté de la barrière sociale, ils se retrouvent dans ce combat commun face à l’adversité, d’autant que la similitude de leur âge, la longue amitié entre leurs familles et leur jeune paternité les réunissent. Une complicité mise à mal dès lors que le drame survient et que les autres membres de la famille et tout particulièrement leurs épouses respectives s’en mêlent, instaurant un insaisissable basculement entre inquiétude et apaisement.
- © 2021 Paraiso Production. Tous droits réservés.
En jetant son dévolu sur Nahuel Perez Biscayart, déjà remarqué dans 120 battements par minute, Au revoir là-haut et plus récemment Les leçons persanes, dont la douceur et la virilité fragile s’opposent à toute image stéréotypée du patron autoritaire et sûr de lui, le réalisateur entend bien imprégner ce monde rural peuplé d’engins monstrueux et de chevauchées impressionnantes d’une délicatesse inattendue. Miroir complémentaire et inversé, Carlos, son employé (Christian Borges, un acteur non professionnel qui tient ici son propre rôle), se montre intrépide, irresponsable et ambitieux. Il perpétue la tradition gaucho, représentative de la liberté et de la rébellion uruguayenne, à travers des courses hippiques qui réunissent dans un même élan toutes les classes sociales, des plus riches aux plus pauvres.
Bien mieux que les mots, les regards et les gestes traduisent leurs infranchissables discordances et participent à la montée de la tension sourde qui perd cependant de son intensité lors d’une scène finale dont on pressent la chute.
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