Vase clos
Le 23 juin 2010
Une plongée sensible dans la haute société péruvienne, marquée par l’isolement et la superficialité des rapports humains.
- Réalisateur : Josué Mendez
- Acteurs : Magaly Solier, Maricielo Effio, Sergio Gjurinovic, Edgar Saba, Anahí de Cárdenas , Denisse Dibós
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Allemand, Argentin, Péruvien
- Date de sortie : 23 juin 2010
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– Durée : 1h31 min
Une plongée sensible dans la haute société péruvienne, marquée par l’isolement et la superficialité des rapports humains.
L’argument : Diego et Andrea vivent en dehors du monde, loin de la réalité de leur pays, dans un univers où les repères sont tronqués. Dans la luxueuse villa familiale bordée par l’océan, les deux adolescents se retrouvent surtout déconnectés d’eux-mêmes. Leur père ramène sa nouvelle amie à la maison. Elle a vingt ans de moins que lui, vient des quartiers pauvres et va devoir apprendre les règles que son nouveau statut implique.
Notre avis : Les personnages de Dioses sont beaux et riches, vivent en marge d’une société dont ils ne connaissent pas la réalité et ses difficultés, ne soupçonnant même pas l’existence de la pauvreté des bidonvilles de Lima. Pourtant, le second long-métrage de Josué Mendez ne dépeint pas tant le mode de vie altéré par l’absence de valeurs que le désespoir et le cloisonnement vécus par la jeunesse des hautes sphères péruviennes. Le cinéaste ne porte pas de jugement sur ces individus et c’est ce qui fait la force du film : nous sommes face au ressenti et à la vérité individuelle, au-delà de toutes considérations sociales. Ainsi le frère incestueux n’est-il pas cloué au pilori, lorsqu’il manque de violer sa sœur ivre et totalement inconsciente. Il est présenté comme un personnage en peine, torturé entre son désir violent, sa raison et les règles qui structurent le microcosme familial.
- © Bodega Films
Après avoir exposé le mode de vie de populations pauvres dans Dias de Santiago, Josué Mendez s’attaque aux classes sociales les plus aisées dans Dioses, « dieux » en espagnol. Cette appellation leur sied parfaitement puisque, isolés sur leur colline telle l’Olympe, ils régentent leur univers et s’assurent de ne pas se mêler aux « gens du bas ». Leur monde se révèle superficiel, dominé par les apparences, où il est impossible d’être soi-même, sous peine d’être exclu. Le discours critique du cinéaste passe par la description de cette souffrance de devoir dissimuler son individualité. La nouvelle femme du mari doit faire semblant de s’intéresser avec force passion aux plantes alors qu’elle n’a manifestement pas la main verte ou se doit de feindre un quelconque intérêt pour la lecture de la Bible qu’elle ne porte pas dans son cœur. De même pour le couple fraternel ne cherchant qu’à fuir cet univers de faux-semblant. La sœur sort tout le temps mais se perd finalement encore plus en buvant au point de ne plus savoir qui est dans son lit. Trop seul, le frère, lui, se prend de passion pour sa sœur qui est, en réalité, l’unique femme qu’il côtoie et lui porte de l’affection. Il y a bien les domestiques pour qui il éprouve de l’affection mais, dans son milieu, fréquenter des personnes d’un rang social inférieur, cela ne se fait pas. Alors, le silence devient le seul rempart.
- © Bodega Films
Dioses repose sur la manifestation du fonctionnement dual de l’univers dans lequel les personnages évoluent : les riches et les pauvres ne se mélangent pas, tout comme on ne peut pas aller mal dans ce monde doré : alors que la richesse aurait pu être synonyme de liberté totale et d’épanouissement car elle offre un plaisir exempt de contraintes matérielles, elle ne se montre que source d’étouffement. En réalité, il n’y a pas d’avenir, juste des illusions déchues. Une musique revient régulièrement, comme une ritournelle, pour marquer le mal qui ronge cette haute société complètement sclérosée. Josué Mendez ne nous montre quasiment pas le décor de ces lieux : les salons où se donnent les réceptions se ressemblent tous. Le cinéaste ne se montre ouvert aux paysages que lorsque le frère s’extrait - enfin - de son milieu, à la découverte de Lima. Sa sortie est une libération, une ouverture sur le monde ; la caméra peut alors se montrer alerte et vive, et signe - peut-être - la libération, tout au moins morale, de ce piètre héros.
- © Bodega Films
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