Le 12 mars 2024
Drapé d’un élégant noir et blanc, Diógenes questionne notre rapport à la mort dans la douceur, tout en valorisant une culture rare dans l’histoire du septième art.
- Réalisateur : Leonardo Barbuy La Torre
- Acteurs : Gisela Yupa, Cleiner Yupa, Jorge Pomanchari
- Genre : Drame, Noir et blanc
- Nationalité : Péruvien
- Distributeur : Bobine Films
- Durée : 1h20mn
- Date de sortie : 13 mars 2024
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Résumé : Dans les Andes péruviennes, Sabina et Santiago grandissent modestement, et sont confrontés très jeunes à la mort de leur père.
Critique : Diógenes découle d’une démarche dont la pertinence est incontestable. Le film, tourné in situ en quechua et directement avec les représentants de la communauté de Sarhua, dans la région Ayacucho au Pérou, se fait immédiatement témoin d’une culture dont on parie qu’elle est inconnue à la plupart des spectateurs. Sans tomber pour autant dans un regard paternaliste qui aurait consisté à filmer ce peuple pour s’étonner de ses coutumes, ou s’apitoyer d’un éventuel risque d’en perdre la sève, on retrouve plutôt dans Diógenes un véritable amour de montrer les gestes, les habitudes, les manières des habitants de Sarhua.
Son processus de fabrication témoigne d’une modestie louable de la part de la production et du réalisateur Leonardo Barbuy La Torre. Tout d’abord, l’équipe de tournage se déplace jusque chez eux, et adapte la logistique à la réalité de la communauté dont elle entend restituer la richesse. Comme le précise Illari Orccottoma, à la production, le tournage fut une occasion de faire participer à chaque étape du processus de création les membres de la communauté de Sarhua (gardons toutefois à l’esprit qu’il serait fâcheux de dire le contraire en pleine promotion). Le scénario, initialement rédigé en espagnol, est parfaitement assimilé par tout le monde, les acteurs, notamment les deux jeunes protagonistes, étant bilingues. La démarche, en soi, prouve et dévoile la richesse du Pérou, où chacun sera surpris d’apprendre que le quechua représente la langue de trois millions et demi d’habitants.
- Copyright Dublin Films
Cette sincérité de l’approche se retrouve à l’écran, et l’atmosphère éthérée que Barbuy La Torre installe, planante et plaisante, fonctionne à plein. Bien aidé par une photographie délicate restituant avec élégance l’ascétisme de son personnage principal, il prend le temps de développer avec maîtrise de longs et envoutants panoramiques, dont un, magnifique, qui sert de pivot au cœur du film et permet de basculer de point de vue : la deuxième partie du film adoptera celui de la jeune Sabina.
Si ce tournant intervient sans doute trop tard, la première demi-heure n’étant guère accueillante pour un public novice, le film gagne notre attention en distinguant chez ses protagonistes un rapport à la mort assez différent des habitudes proposées sur grand écran à longueur d’année. Le penchant du film pour la métaphore, notamment celle du passage par le feu comme porte vers la mort, qui se rappelle à notre souvenir tout au long de la projection de manière parfois subliminale, ajoute à sa chaleur enveloppante malgré ses quelques dérives esthétisantes.
Il ne faut toutefois pas s’y tromper : cette chaleur ne se laisse sentir qu’au prix d’un véritable effort d’immersion, dans la plus pure tradition d’un cinéma dont on peut dire qu’il nécessite un ticket d’entrée, au tarif assez salé.
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