Le 1er janvier 2020
Cunningham traverse quarante ans de l’œuvre chorégraphique de Merce Cunningham, en offrant un cadre cinématographique d’une très grande richesse, qui donne aux danses un souffle nouveau, absolument fascinant.
- Réalisateur : Alla Kovgan
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français, Allemand
- Distributeur : Dulac Distribution
- Durée : 1h28mn
- Date de sortie : 1er janvier 2020
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Cunningham retrace l’évolution artistique du chorégraphe américain Merce Cunningham, de ses premières années comme danseur dans le New-York d’après-guerre, jusqu’à son émergence en tant que créateur visionnaire. Tourné en 3D avec les derniers danseurs de la compagnie, le film reprend 14 des principaux ballets d’une carrière riche de 180 créations, sur une période de 70 ans. Cunningham est un hommage puissant, à travers des archives inédites, à celui qui révolutionné la danse, ainsi qu’à ses nombreux collaborateurs, en particulier le plasticien Robert Rauschenberg et le musicien John Cage.
Notre avis : On se souvient de l’expérience de Wim Wenders qui avait exploité la 3D pour redonner vie à l’œuvre exceptionnelle de Pina Bausch. Alla Kovgan prend a priori le même parti esthétique, pour retracer quarante ans de la carrière fabuleuse du chorégraphe avant-gardiste, Merce Cunningham. Mais la cinéaste va au-delà du travail que Wenders avait accompli. Elle fait délibérément de l’œuvre dansante de Cunningham une œuvre de cinéma à part entière, qui réinvente les pièces de danse dans des décors modernes, ultra urbanisés, et des couleurs très vives. La 3D offre au spectateur une sorte de scène théâtrale, où des danseurs contemporains s’approprient un espace totalement réécrit par la caméra elle-même. Le résultat est absolument bluffant. Le spectateur a l’impression de visiter un théâtre ou des salles de musée, qui raconteraient le récit autobiographique du chorégraphe. Les films d’époque sont insérés dans le film, jouant avec les formes, les perspectives, à la façon dont un conservateur de musée inventif organiserait son exposition.
- Copyright Camino Filmverleih
Cunningham c’est quarante années depuis la Seconde guerre mondiale, dans une création artistique en plein bouleversement. Le film nous rappelle qu’à l’époque, les artistes ne disposaient pas de la facilité des réseaux sociaux, pour donner chair à leur œuvre. Le chorégraphe a connu la pauvreté, aux côté de peintres aujourd’hui mondialement reconnus ou de son ami, John Cage, lequel a confectionné la plupart des musiques qui accompagnent les pièces de Cunningham. On mesure l’opiniâtreté, la détermination et l’abnégation qu’il faut à un artiste alternatif pour faire reconnaître son œuvre. Depuis, Cunningham figure parmi les plus grands influenceurs de ballets contemporains. La réalisatrice parvient, dans sa façon de filmer les jeunes danseurs qui reprennent des chorégraphies, à rendre ces dernières totalement accessibles, voire classiques. Même la musique semble aisée à écouter, alors qu’à l’époque, elle subissait les ricanements des critiques et le mépris du public.
- Copyright Camino Filmverleih
Cunningham raconte avec brio l’histoire d’un créateur, et plus généralement celle du processus de création en général. L’œuvre et l’artiste ne font qu’un au point que les danseurs de l’époque témoignent d’un rapport presque familial qu’ils entretenaient entre eux. Manifestement, les temps ont changé et les jeunes danseurs se sont professionnalisés. Bien sûr, cela n’enlève rien à leur talent, mais il semble que quelque chose ait disparu dans le processus humain de la production artistique. La réécriture de ces œuvres, vieilles parfois de quarante ans, s’inscrit dans des décors totalement contemporains, essentiellement à New York, dont on voit la majestuosité s’étendre sur l’écran grâce à des vues en hauteur ou en plongée. La caméra se transforme en un danseur au milieu des jeunes artistes. Elle connaît les mouvements des corps, les sorties et les entrées dans le cadre, et elle suit chacun d’eux, rajoutant à leur chorégraphie un sentiment de modernité et d’absolu.
- Copyright Camino Filmverleih
Voilà donc un film qui ouvre l’année 2020 et devra réjouir les spectateurs encore hagards de leurs festin de réveillon. Alla Kovgan a réalisé un film enthousiasmant et passionnant, qui sonne comme une page de musique ou une visite dans un musée à mille entrées. On est ravi par le spectacle de la beauté qui s’étale sur l’écran, et évidemment, depuis quatre décennies, à travers le génie de Merce Cunningham.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.