Les jolies colonies de vacances
Le 2 mars 2019
Desiree Akhavan a trouvé un sujet troublant : les centres dans lesquels les jeunes homosexuels américains apprennent à "rentrer dans l’ordre". Pourtant son film n’ose jamais pointer du doigt le caractère déshumanisant de ces lieux, symboles d’un puritanisme abject.
- Réalisateur : Desiree Akhavan
- Acteurs : Chloë Grace Moretz , Jennifer Ehle, John Gallagher Jr., Sasha Lane
- Genre : LGBTQIA+, Drame carcéral
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Condor Distribution
- Durée : 1h31mn
- Box-office : 52.656 entrées France / 19.427 entrées P.P.
- Titre original : The Miseducation of Cameron Post
- Date de sortie : 18 juillet 2018
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– Date en VOD et DVD : le 5 décembre 2018
Résumé : Pennsylvanie, 1993. Bienvenue à God’s Promise, établissement isolé au cœur des Rocheuses. Cameron, vient d’y poser ses valises. La voilà, comme ses camarades, livrée à Mme Marsh qui s’est donnée pour mission de remettre ces âmes perdues dans le droit chemin. La faute de Cameron ? S’être laissée griser par ses sentiments naissants pour une autre fille, son amie Coley. Parmi les pensionnaires, il y a Mark l’introverti ou Jane la grande gueule. Tous partagent cette même fêlure, ce désir ardent de pouvoir aimer qui ils veulent. Si personne ne veut les accepter tels qu’ils sont, il leur faut agir...
DVD édité par Condor
Notre avis : Quatre ans après s’être mise en scène dans Appropriate Behavior, dans lequel elle incarnait une bisexuelle qui n’osait pas s’affirmer comme tel face à sa famille iranienne, Desiree Akhavan est de retour avec l’adaptation d’un roman d’Emily M. Danforth. Si la réalisatrice ne revient pas devant la caméra, le cœur du sujet reste la difficulté d’assumer son homosexualité face à un milieu rétrograde. Le drame vécu par la romancière, envoyée pendant son adolescence dans un « centre de rééducation chrétien » a touché Akhavan qui a voulu en tirer un teen movie. En donnant le rôle principal à Chloë Grace Moretz, elle assure à son film un peu de fraîcheur. Même si elle est –encore une fois– loin de livrer une prestation pleinement convaincante, la jeune actrice vue dans Kick-Ass, 1 et 2 ou encore Carrie, la vengeance, apporte au moins à son jeune personnage un peu de son charme candide, et la rend ainsi attachante.
- Condor Distribution
Toutefois, la façon dont le récit est construit souffre d’un manque évident de parti pris dans le regard porté sur ces centres. Déjà, en plaçant le scénario dans les années 90 plutôt que le moderniser, Desiree Akhavan s’écarte de la dénonciation de ces établissements, qui pourtant existent toujours. Ensuite, l’image donnée des deux gérants du centre, le Dr. Lydia Marsh et son frère, le révérend Stan, fait d’eux aussi des êtres tout à fait sympathiques, loin de l’oppression liberticide et homophobe qu’ils incarnent pourtant. Alors que Cameron est là pour se faire laver le cerveau, le film semble nous dépeindre un séjour en toute convivialité. Et le peu d’évolution dans les réactions de l’héroïne ne va pas non plus dans le sens d’un réquisitoire contre ces lieux, fruit d’un puritanisme qui assimile l’homosexualité à une maladie à soigner ou à un péché à épurer. Le seul élément qui va la sortir de sa torpeur est la présence de deux camarades, Jane Fonda et Adam Red Eagle, sur qui on n’aura que peu d’informations. Sasha Lane et Forrest Goodluck, qui leur prêtent leurs traits, parviennent à faire de leur charisme le principal moteur de leur relation.
- Copyright Condor Distribution
Tous les trois vont stagner dans ce centre, qui n’est jamais perçu comme oppressant et dont l’évasion n’apparaîtra comme une alternative que dans les les dernières minutes. Avant ça, la finalité de la réalisatrice est particulièrement abstraite. A défaut de critique vis-à-vis des établissements de recentrage sexuel, son film ressemble à la banale histoire d’adolescents dans un camp de vacances. Dès lors que l’on a intégré l’idée que son Come as you are valait davantage pour la scène de karaoké de Chloë Grace Moretz que pour son diatribe contre ces lieux de lavage de cerveauxs, on aurait au moins pu en espérer un teen movie divertissant. Or il apparaît vite que Desiree Akhavan ne sait trop sur quel pied danser et nous livre un film assez vain dont la première scène était pourtant prometteuse, mais qui ne vaut que pour sa fin, après une heure de banalités adolescentes. Peut-être nous prépare-t-elle déjà la suite ? Tant que ce n’est pas confirmé, ce film qui n’ose pas dire ce qu’il a à dire, peut paraître dispensable.
Disponible en VOD->http://www.allocine.fr/film/fichefilm-251834/telecharger-vod/]
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