Le 24 juillet 2021
Le film dérangeant par excellence, une œuvre sans concessions sur les victimes de stress post traumatique après la guerre du Vietnam. Une curiosité filmique rare, qui mérite le détour.
- Réalisateur : Buddy Giovinazzo
- Acteurs : Rick Giovinazzo, Veronica Stork, Mitch Maglio
- Genre : Épouvante-horreur, Film de guerre
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h25mn
- Âge : Interdit aux moins de 16 ans
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– Année de production : 1984
Résumé : Franckie, vétéran du Vietnam, essaye de refaire surface dans une vie où il n’a plus sa place. Il voit son monde s’écrouler et parcourt les rues à la recherche d’un travail. Mais la ville est une jungle où Franckie ne tarde pas à perdre complètement pied...
Critique : Il existe des long métrages qui mettent le spectateur mal à l’aise, des longs métrages inconfortables, à la vision délicate. Combat Shock a sa place VIP dans ce club envié des films douteux. En dépit de son budget dérisoire et de ses quelques baisses de rythme, l’œuvre ne s’oublie pas. Les défauts sont légion, mais le message politique est tellement puissant qu’il fait oublier les nombreuses imperfections du film.
Le propos du réalisateur est simple et efficace : les États-Unis ont envoyé des milliers de jeunes soldats dans un conflit inutile. La majorité d’entre eux en sont revenus mutilés, drogués et fous. Pour les survivants du Vietnam, le retour au pays fut loin d’être évident. L’administration américaine ne s’est jamais vraiment préoccupée du sort de ses soldats et la réintégration des recrues dans le civil fut un parcours du combattant. Considérés comme des parias, certains d’entre eux sont tombés dans une spirale infernale du fait de leur grande précarité.
- Troma Entertainment
Combat Shock dénonce ces conditions de vie inacceptables, avec une rage certaine et un goût prononcé pour le sordide. Il suffit de voir l’appartement immonde dans lequel vit le personnage principal pour saisir instantanément que Combat Shock ne va pas faire dans la dentelle. Certains longs métrages traitant du Vietnam ont souvent pris des gants avec leur sujet, en édulcorant leur mise en scène pour en faire des films grand public. Pas d’affèteries ici. On fonce dans le tas et on n’hésite pas à faire de grosses taches. L’œuvre cherche à mettre l’Amérique face à ses erreurs et à la confronter à ses propres tabous, en employant la manière forte.
- Troma Entertainment
Le film se rapproche parfois du cinéma expérimental, avec un travail sur le son déroutant et un montage épileptique qui nous immerge dans l’esprit fracassé du héros. Le côté "eighties" lui donne également un charme particulier, surtout à notre époque où l’imagerie cinématographique de cette décennie est au top de la "hype".
Combat Shock est le seul long métrage dit "sérieux" produit par la Troma, la firme frappadingue de Lloyd Kaufman. Cette boîte de prod’ légendaire se tourne plus volontiers vers le gore rigolo (Troméo et Juliet / The Toxic Avenger), mais cette dernière n’oublie jamais de caler une critique ouverte de la société américaine dans ses créations déviantes. Le film de Buddy Giovinazzo est un bel exemple de réussite dans le genre "on a en a pris plein les gencives, et là, c’est l’heure de rentrer au pays". Un genre qui compte en son sein : Voyage au bout de l’enfer et Warriors, pour ne citer qu’eux. Reste que Combat Shock est un grand "petit film", à la fois sauvage et mal élevé, mais qui a du fond. A voir pour les curieux de bobines s’écartant allègrement des normes sociales.
Le thème du stress post-traumatique abordé par Combat Shock fait écho au livre de Jean Paul Mari, Sans blessures apparentes, un ouvrage de référence qui recense des témoignages de traumatisés de guerre. En voici la quatrième de couverture :
« Je suis grand reporter. Trente ans que je couvre les guerres du monde. Au début, je ne savais pas ce qui m’attendait. Massacres, charniers, tortures et viols...J’ai plongé dans la nuit. Très vite, j’ai remarqué ces hommes que la guerre a rendu fous : héros terrorisé par ses cauchemars, ancien commando soudain muet ou vétéran qui se tire une balle dans la bouche. Ce mal, étrange, est aussi répandu que tabou. Rwanda, Bosnie, Irak, Algérie, Vietnam, Liban...De partout, des hommes reviennent brisés. Depuis ce jour où ils ont rencontré la mort, dans la gueule d’un fusil, le regard d’un ennemi ou les yeux d’un ami. »
- Troma Entertainment
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