Le 25 octobre 2024
Drôle, intelligent et totalement décalé, ce film sur des amours irrégulières dans une communauté de juifs américains pourrait tout à fait trouver sa place dans un autre univers religieux ou social, à raison de quelques changements scénaristiques. Une comédie savoureuse.
- Réalisateur : Nathan Silver
- Acteurs : Jason Schwartzman, Carol Kane, Matthew Shear, Madeline Weinstein, Dolly De Leon, Caroline Aaron
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Dulac Distribution
- Durée : 1h51mn
- Titre original : Betwenn the Temples
- Date de sortie : 23 octobre 2024
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Ben a perdu sa foi et sa voix suite à la disparition de sa femme, ce qui est ennuyeux pour un chanteur de synagogue. Sa vie est désormais rythmée par la préparation des enfants à leurs bar-mitzvah et les rendez-vous galants organisés par sa mère. Un soir, il retrouve l’excentrique Carla - son ancienne professeure de musique -qui le sollicite pour l’aider à préparer sa communion tardive. Petit à petit, Ben et Carla vont se rapprocher pour, enfin, trouver leurs voies.
Critique : Lui est chantre dans une synagogue. Son épouse, écrivaine, est décédée assez récemment et sa mère voudrait bien le recaser avec la fille du rabbin ou une médecin aux jolis atouts. Mais le protagoniste n’est pas au meilleur de sa forme, au point que dès les premières séquences, on le voit s’allonger sur une route et supplier qu’un camion l’écrase. Jusqu’au moment où il fait la connaissance de Carla, une femme qui pourrait avoir l’âge de sa mère, et qui lui demande à être préparée à la bar-mitzvah. Elle lui confie qu’elle n’a pas pu recevoir cette communion à treize ans car ses parents étaient moins affairés de religion que de communisme.
Carla et moi emprunte des chemins scénaristiques très décalés où le réalisateur échappe avec brio à l’invraisemblance et au grotesque. En effet, rien n’est vraiment plausible dans cette histoire de communion juive sur le tard, avec un père qui s’est travesti, une mère juive née dans le Pacifique et toute une myriade d’autres personnages, tous aussi drôles qu’hors les sentiers battus. Nathan Silver a un tel plaisir à entraîner ses personnages, et surtout son personnage principal, dans des situations qui pourraient friser le cauchemar, que les presque deux heures de comédie ne se voient pas défiler. Voilà une comédie originale qui se moque avec délicatesse et respect de la communauté juive new-yorkaise, tout en la rendant totalement attachante et follement irrésistible. Il y a dans d’ailleurs dans la mise en scène un parti pris théâtral qui rappelle le cinéma des débuts de Woody Allen où il s’adonnait à l’autodérision dans un flot de dialogues qui empruntaient autant à la psychanalyse de comptoir qu’à la critique de son groupe d’appartenance.
- Copyright Sean Price Williams/Sony Pictures Classics
Le plus surprenant demeure que cette histoire qui raconte les liens qui se tissent entre un homme relativement jeune et une femme âgée aurait pu trouver sa place dans n’importe quel groupe culturel. Le sujet, rarement évoqué au cinéma sur un mode humoristique, aurait pu aussi flirter avec un coming out du héros après avoir été marié. Nathan Silver joue sur les mêmes effets de surprise, les mêmes ressorts dramatiques, mais dans un contexte très différent. En même temps, le réalisateur étant lui-même de confession juive, il égratigne gentiment sa communauté qui s’égare dans des scènes cocasses où tous les rituels religieux sont mis par terre.
Il faut dire que le film fonctionne très bien grâce à tous les acteurs. Jason Schwartzman et Carol Kane interprètent les deux figures principales de cette comédie, entourés d’acteurs secondaires tout autant merveilleux. L’équipe apporte au film une fraîcheur véritable qui dénote peut-être avec le risque de longueurs. On ressent beaucoup d’amusement mais aussi de tendresse de la part de chacun pour interpréter les personnages, tous étreints par une névrose qui ne dit pas son nom et les rend proprement attachants. La soirée de shabbat demeure le clou du spectacle, où dans une cacophonie de paroles, l’ensemble des protagonistes s’adonne au pire de lui-même et succombe à des tics dignes d’une meilleure scène burlesque au théâtre.
- Copyright Sean Price Williams/Sony Pictures Classics
Carla et moi demeure une vraie tranche de joie dans la morosité générale ambiante. Nous voilà transportés dans un New York d’une autre époque, loin des clichés de la métropole américaine, où les personnages révèlent au grand jour leurs déraillements névrotiques. On rit généreusement sans se moquer, et c’est un atout incontestable. Car le long-métrage de Nathan Silver est proprement conçu pour rendre heureux.
Galerie photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.