Esclave ou maître ?
Le 4 décembre 2018
Premier film d’animation entièrement produit aux Émirats Arabes Unis, Bilal touche par le traitement de son sujet. Sa lenteur, sa longueur et sa dimension métaphysique rebuteront sans doute les jeunes spectateurs, mais trouveront grâce aux yeux des publics plus aguerris, qui apprécieront un message humaniste pertinent.
- Réalisateurs : Khurram H. Alavi - Ayman Jamal
- Genre : Animation
- Nationalité : Emirati, Saoudien
- Distributeur : Wild Side Films
- Durée : 1h47mn
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– Sortie en VOD le 29 novembre 2018
– Sotie en DVD le 5 décembre 2018
Résumé : Alors qu’il n’était qu’un enfant et rêvait de devenir un grand guerrier, Bilal est enlevé loin de chez lui avec sa sœur. Plongé dans un monde corrompu et injuste, il va tout faire pour se libérer de sa condition d’esclave. Il trouvera le courage d’élever sa voix, de se défaire de ses chaînes ainsi que celles de ses amis.
Notre avis : Après Wadjda, premier long-métrage saoudien en prises de vues réelles, réalisé par Haifaa Al Mansour en 2012, c’est au tour du cinéma d’animation d’entrer dans la production audiovisuelle de la péninsule arabique. Bilal s’inspire de l’histoire de Bilal Ibn Rabah, compagnon du prophète Mahomet considéré comme le premier muezzin (chargé de lancer l’appel à la prière des musulmans) et s’inscrit dans la grande tradition des films épiques, qui mettent en scène des personnages historiques en prenant pour support les textes fondateurs.
- Copyright 2018 Barajoun Entertainment
Au moment où commence le récit, Bilal n’est encore qu’un petit garçon vivant une enfance insouciante aux côtés de sa mère et de sa sœur Ghufaira et rêvant de devenir un grand guerrier. Mais leur village est attaqué par de puissants barbares. Bilal et sa sœur sont réduits en esclavage pour servir Saad, riche et puissant homme d’affaires vendeur d’idoles (petites statuettes servant à invoquer les dieux). Presque résilié, le jeune homme se rappelle pourtant les paroles de sa mère, qui lui disait que pour être libre, il fallait d’abord se libérer de ses chaînes intérieures. Alors, prêt à tout pour s’émanciper et délivrer sa sœur, Bilal décide de mener un double combat, contre ses oppresseurs et ses propres démons.
Bilal est un film épique bien plus au sens psychique qu’au sens physique du terme. En effet, durant une heure quarante-cinq, pas de grandes scènes de guerre ou spectaculaires comme celles des Dix commandements ou de Lawrence d’Arabie. Si les opprimés se battent contre les puissants, c’est à coup de mots bien placés comme des uppercuts. Ce n’est pas la guerre des armes, mais la guerre des nerfs. Une guerre silencieuse et cependant douloureuse. Bilal se débat contre Saad et son fils Safwan, mais il se débat surtout avec lui-même. Il a une grande force physique et mentale, mais sa condition d’esclave l’entrave dans sa quête de liberté. C’est ce combat, cette quête de soi intérieure nourrie d’idéal, d’altruisme et d’humanisme que nous invitent à découvrir Khurram Alavi et Ayman Jamal.
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Les textures des images semblent emprunter à celles des jeux vidéo, renvoyant à des sagas comme Prince of Persia d’Ubisoft. L’esthétique générale apparaît très numérisée, mais les mouvements sont bien esquissés. La lenteur du film et l’étirement de certaines situations peuvent paraître ennuyeux, mais c’est pour mieux nous faire sentir le poids des difficultés que traversent le héros, sous une photographie chaude et un soleil de plomb. Et si par ailleurs le film manque cruellement de figures féminines, reléguant Ghufaira au rang de damoiselle en détresse, la mère de Bilal est une voix de sagesse bienvenue dans une intrigue dominée par les hommes.
Un film pertinent, qui revendique les racines sociales et culturelles des peuples qu’il représente, indépendamment des influences cinématographiques occidentales.
#BilalLeFilm
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