Le 13 janvier 2020
Le documentaire de Nicolas Gerifaud parvient à toucher à partir d’un protocole très simple : l’aveu de son homosexualité à des proches qui réagissent face caméra.


- Réalisateur : Nicolas Gerifaud
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Distributeur : L’Harmattan
- Durée : 1h02min

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Résumé : Je filme ma famille. C’est la fin de l’enfance, la fin de l’adolescence, je suis adulte. C’est la fin d’un temps, la fin de la vie de famille. Aujourd’hui on est content de se retrouver, de passer du temps ensemble. Pourtant je porte un secret : je suis en couple avec un garçon depuis cinq ans. Peut-être est-il temps de leur annoncer ?
Notre avis : Le parti pris du réalisateur Nicolas Gerifaud est formellement cohérent, puisqu’il correspond à la mise en scène d’une invisibilisation : celle d’un jeune homme homosexuel, qui donne la parole aux autres, pour savoir ce qu’ils en pensent, avant de faire lui-même l’annonce de son orientation sexuelle, hors champ, à son père, placide, à sa mère, inquiète, et à sa grand-mère qui le savait déjà, réagit avec une grande spontanéité, véritable figure saillante - ce qu’on appelle un "personnage". La caméra s’attarde sur elle parce qu’elle prend naturellement la lumière et que sa densité la rendrait éligible à une fiction.
Sauf qu’il s’agit ici d’un documentaire et qu’en dépit des témoignages bienveillants, formulés par les ami(e)s ou la famille, Gerifaud évoque aussi les précautions induites par la pression qu’exerce une matrice hétéronormée, les comptes que l’on doit à une société pas totalement débarrassée de ses stéréotypes discriminants, la peur que l’on éprouve à se dire, l’aberration même du "protocole" de l’aveu.
A ce titre, l’échange à voix basse entre un frère et une sœur, sur les modalités de l’annonce, est exemplaire de cette injustice qui fait naître les larmes. Si elles sont contagieuses, cette œuvre lui offre des contrepoints d’une grande douceur, disséminés en une série de plans qui disent le bonheur de gestes simples, au milieu d’un cadre bucolique, sait trouver la note juste pour construire un film à l’abri du pathétique ou du narcissisme.