Le 18 décembre 2019
Un film de la Nouvelle Vague du cinéma roumain, dont le propos évoque avec pudeur et tendresse un couple qui se cherche, tout en ne voulant pas renoncer à ce qu’il a construit. Un récit tout aussi beau que juste.
- Réalisateur : Marius Olteanu
- Acteurs : Alexandru Potocean, Serban Pavlu, Judith State, Cristian Popa
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Roumain
- Distributeur : Norte Distribution
- Durée : 1h50mn
- Titre original : Monștri
- Date de sortie : 18 décembre 2019
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Résumé : Dana et Arthur, la quarantaine, sont mariés depuis près de dix ans. Mais quelque chose s’est fissuré, à cause de leurs besoins, de leurs croyances, de ce que la vie leur offre, de leurs démons intimes. Un jour, ils devront décider si laisser partir l’autre n’est finalement pas la plus grande des preuves d’amour.
Notre avis : La gare et ses mouvements de gens : il y a ceux qui s’embrassent, ceux qui se racontent des souvenirs de voyages, ceux qui se quittent ou se retrouvent ; et il y a Dana qui pleure dans les toilettes. La femme cherche un taxi et, chargée de tristesse, se retrouve dans un véhicule conduit par un homme désagréable, brutal, qui certes ne fait pas honneur à sa profession, mais trahit d’emblée une forme de désarroi personnel. Dana fuit un amour conjugal qui la pèse, dans une ville de Roumanie, au milieu de la nuit. Alors elle demande à ce chauffeur acariâtre de passer cette nuit avec lui, dans son véhicule, au gré des courses qui se présentent.
- Copyright Adi Marineci
Après la nuit est un film d’une grande mélancolie. Cette tristesse ne relève pas seulement du destin amoureux de Dana, mais d’un pays tout entier, la Roumanie, qui draine ses âmes en peines nocturnes, dans des paysages urbains austères et froids. Derrière la figure de ce chauffeur de taxi et de cette femme qui voudrait quitter son mari, derrière le mari lui-même, Arthur, le réalisateur, qui présente sa première œuvre cinématographique, révèle un monde de la désolation et de la quête d’un sens à son existence. Marius Oltenau dresse le constat de personnages qui cherchent une raison au bonheur, qu’il s’agisse de la vie amoureuse, sexuelle, professionnelle, ou de l’existence en général, dans un pays en pleine transition économique et sociale. Le film s’écarte de la tradition politique du cinéma roumain, pour s’attarder sur la complexité des relations amoureuses et sexuelles dans le couple. Le réalisateur prend le temps des silences, filmant le quotidien, la ville, la modernité des échanges avec les portables, ou scrutant le désir qui tremble, la peur, et la pesanteur habitant chacun des personnages.
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Après la nuit constitue une sorte de récit urbain sur la volonté d’être soi. Le couple traverse peut-être sa dernière nuit où chacun doit cesser de se mentir à lui-même et rendre la liberté à l’autre. Arthur se cherche une identité sexuelle là où Dana, plus lucide, tente de s’imaginer une vie en dehors de son couple. La question homosexuelle est abordée avec beaucoup de pudeur et de fébrilité. De la même manière, le cinéaste décrit la tristesse de Dana et la défection annoncée de son couple avec grâce et délicatesse. Le titre du film apparaît quasiment en fin de récit et on ne parvient pas à déchiffrer l’énigme de la monstruosité. En fait, la véritable monstruosité est celle qui hante les personnages, écartelés entre leur envie de faire couple, leurs valeurs morales et religieuses, et la vérité de leurs désirs. La lenteur du propos n’est jamais pesante et fournit au contraire le temps nécessaire pour décrire la fin d’un amour. La mise en scène refuse la facilité mélodramatique, afin de se centrer sur les deux protagonistes, au bord du vertige.
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Il s’agit d’un long métrage sur le non-dit qui étrangle certains couples. Le réalisateur joue avec les tailles de l’écran à la façon de Mommy de Dolan, quand on comprend que les personnages parviennent enfin à la vérité de ce qu’ils sont, et pour eux-mêmes, et pour tous les deux. C’est le jeu sur le silence et l’impérieux besoin de l’autre qui fournissent la matière à ce récit dense et beau.
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