Agatha ma voisine détective - la critique du film

Notre avis : La réalisatrice et scénariste danoise Karla von Bengtson continue d’explorer le thème de la famille moderne déjà abordé lors de son précédent film d’animation. Recomposée dans l’alerte et coloré moyen-métrage Mon tonton, ce tatoueur tatoué de 2010, elle est ici monoparentale et le ton y est bien moins léger. Une enquête, c’est du sérieux certes mais quand en plus, elle met en scène la rencontre de deux adolescents en proie aux tourments de leur âge, le risque de se retrouver étouffé dans un univers en demi-teintes se profile.

Copyright Les Films du Préau

Agatha Christine ne se sent pas à l’aise au milieu des enfants de son âge. Manquant de confiance en elle, elle est traversée par une voix intérieure (symbolisée par un jeune lézard qui grandit à côté d’elle et lui prodigue non sans humour moult conseils) et des sentiments déstabilisants. Solitaire, elle se réfugie derrière le personnage de détective qu’elle s’est construit. Alors que toute la famille vient d’emménager dans une nouvelle ville, sa mère espère que ce sera l’occasion pour Agatha de nouer de nouvelles relations et de passer à d’autres activités. Mais la fillette ne pense qu’à installer son matériel de vidéosurveillance pour suivre de très près un jeune voisin qu’elle soupçonne d’être un voleur, d’autant que l’épicier du coin se plaint de menus larcins. Caché derrière sa longue frange qui lui cache un œil et son skate-board sous le bras, Vincent n’est guère plus gai qu’Agatha qui finit par deviner que sous son air éternellement malheureux, il cache un lourd secret. A coups de séquences noir et blanc, on ne rechigne pas à se laisser gentiment emmener dans cette parodie juvénile des films noirs américains, même si le suspens est de courte durée et le dénouement bien vite prévisible.

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Fort heureusement, la facétie et la joie de vivre retrouvent toute leur place avec le reste de la famille et plus précisément grâce à la mère, une femme qui élève seule ses enfants avec une énergie communicative. Elle est une policière investie dans son travail ce qui ne l’empêche pas d’adopter un comportement puéril et parfois déroutant dans sa vie privée. Solveig, sa fille aînée, la sœur d’Agatha lui ressemble. Elle tout à fait à l’opposée de la jeune détective. Elle ne porte que des vêtements « branchés » et fait tout ce qu’il faut pour s’attirer les grâces des garçons. Elle passe beaucoup de temps sur son portable et rechigne à aider sa mère qui n’hésite pourtant pas à monnayer tout service rendu.
Néanmoins, peuplée de personnages aux traits simplistes et de ce fait peu expressifs, cette comédie d’animation trop sage ne parvient jamais à nous communiquer l’empathie nécessaire pour pénétrer avec un réel intérêt au cœur de l’action. Si le message d’encouragement à s’accepter soi-même et à ne jamais renier ses choix est généreux, l’absence de candeur et de rondeur dans laquelle elle évolue semble ne le destiner qu’à un public d’adolescents dont on doute qu’elle soit réellement la cible.