A peine j’ouvre les yeux - la critique du film

Un film plein d’énergie qui restitue parfaitement le climat politique de la Tunisie, à la veille de la Révolution.

L’argument : Tunis, été 2010, quelques mois avant le Printemps arabe, Farah, 18 ans, passe son bac et sa famille l’imagine déjà médecin….mais elle ne voit pas les choses de la même manière. Elle chante au sein d’un groupe de rock engagé. Elle vibre, s’enivre, découvre l’amour et sa ville de nuit contre la volonté d’Hayet, sa mère, qui connait trop bien la Tunisie et ses interdits.

(C) Shellac

Notre avis : Pour nous Européens, en 2010, la Tunisie, c’est encore synonyme de soleil, de mer et de clubs-vacances à bas prix. Pourtant, derrière cet air de vacances se cache une réalité bien moins gaie pour la population locale, particulièrement pour la jeunesse. Farah est une jeune fille qui vient d’un milieu aisé. Elle est entourée de l’amour d’une mère qui veut la protéger (la relation mère/fille faite d’amour et d’opposition est délicatement décrite) et d’un père qui, même s’il n’est pas très présent, ne veut que son bonheur. Pourtant, elle étouffe dans ce pays où le moindre mouvement est contrôlé, la moindre parole disséquée. Elle se veut libre, libre de chanter ce qu’elle veut, de fréquenter qui elle veut mais dans ce pays où les traditions pèsent encore bien lourd et où la répression est d’une efficacité redoutable, rien n’est facile. A travers le parcours de cette jeune femme, bien déterminée à vivre sa vie quoiqu’il lui en coûte, Leyla Bouzid dresse un portait à la fois émouvant et saisissant de la vie d’hier et d’aujourd’hui en Tunisie. La détermination de ces jeunes à refuser le sort qui fut réservé à leurs parents force le respect et ouvre surtout une véritable porte vers l’espoir. La jeune Baya Medhaffar communique parfaitement cette belle fougue. Sa voix chaude et les scènes de concerts magnifiquement filmés donnent une saveur supplémentaire aux chansons jugées irrévérencieuses par le régime tyrannique de son pays. Savoureux ! Quant à nous spectateurs, nous avons passé un bien joli moment et souhaitons de tout cœur que cette jeunesse battante puisse réellement trouver un jour la voie de la liberté.