Treize, ni à la dizaine, et encore moins à la « sevaine »…
Le 12 septembre 2019
Chronique ordinaire de la traque d’un criminel biblique, sur fond d’actualité belge. Un thriller d’une banalité salement tordue…
- Réalisateur : Maarten Moerkerke
- Acteurs : Karlijn Sileghem, Dirk Van Dijck, Marie Vinck, Koen Van Impe, Bert Haelvoet, Ella Leyers
- Durée : 13 épisodes de 42 à 50 minutes
- VOD : NETFLIX
- Reprise: 30 août 2019
- Genre : Thriller
- Titre original : 13 Geboden
- Date de sortie : 10 septembre 2018
- Plus d'informations : 13 commandements
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Résumé : En Belgique, un enquêteur coriace et sa jeune coéquipière traquent un justicier inspiré par les dix commandements, ayant un penchant pour la torture et la mise en scène.
Notre avis : Comme le dit un flic au début de la série : « je ne suis pas Brad Pitt dans Seven ». Et, hop, en une phrase, les scénaristes évacuent ce qui vous passe évidemment par la tête à la découverte de la première « victime » de Moïse. Alors qu’on sait parfaitement que dans le film de David Fincher, il est question des sept pêchés capitaux, et qu’ici, on s’oriente plutôt vers les commandements. Et d’ailleurs pourquoi avoir titré 13 commandements, alors que jusqu’à preuve du contraire, ils ne sont qu’au nombre de dix dans la Bible ? Avec cette réplique, un peu facile on en conviendra, les auteurs nous font surtout comprendre qu’ils vont nous entraîner dans d’autres territoires. Des zones tordues et malsaines qui, pour accroître le malaise, s’appuient sur l’actualité : islamisme, immigration ou les plaies pas totalement refermées de l’affaire Dutroux.
13 commandements, diffusée initialement en Belgique sur la chaîne flamande VTM fin 2018 (et précédé d’un lancement remarqué au festival Séries Mania, en avril 2017), est enfin disponible sur Netflix depuis fin août.
On ne va pas tourner autour du pot : cette série est l’agréable surprise de cette fin d’été « netflixien ». En treize épisodes, elle livre un récit d’une densité d’écriture assez rare pour être soulignée, qui a le mérite de nous tenir littéralement en haleine, en ne recourant à presque aucune intrigue parallèle : en fait deux, on n’en dira pas plus. Et les rares autres qui démarreraient sont très vite expédiées et absorbées, pour nourrir l’arc narratif principal.
- Copyright Netflix / VTM
Moïse est donc un « criminel » (homme, femme, groupe ? mystère), qui « punit » à sa façon des personnes qui n’auraient pas respecté l’un des dix commandements. Enfin, selon lui. S’il emploie de nombreux codes déjà usités depuis des années par ses collègues d’autres films - eux mêmes majoritairement inspirés de « vrais » cas - en communiquant, par exemple, sur ses actes via les médias et réseaux sociaux, il est pourtant bien moins spectaculaire, si tant est qu’on puisse utiliser ce qualificatif. En fait, rien n’est spectaculaire dans cette série, qu’il s’agisse des « châtiments », des méthodes curieusement à l’ancienne de ces flics qui traquent Moïse, ou de la réalisation, plus que conventionnelle. En fait, ce qui est fort et à la fois épuisant dans cette série, c’est précisément l’horrible banalité des univers, des lieux, des looks, des voitures, voire de certains dialogues, de tout, en fait. Au point que la pluie permanente de Seven ou l’étalonnage blafard du Silence des agneaux, dont les objectifs, à leur sortie, étaient de les rendre « ordinaires », en deviennent des ficelles de mise en scène, face à la sobriété de 13 commandements. De l’art de produire la banalité. Le pire. Mais au sens « noble ». Si ce miracle - pardon, mais nous sommes dans une histoire de Bible - s’opère, c’est grâce à cette science de l’ordinaire qui irrigue les épisodes, mais aussi grâce à ses protagonistes.
- (Oulala, il yoyote grave, le vieux barbu ?!) »
- Copyright Netflix / VTM
13 commandements, c’est la chronique de personnages embourbés dans un enquête limite plan-plan, fatigante, qui patine, mais tout en avançant. C’est un climat à la fois délétère et de solidarité qui s’installe sournoisement entre ces flics, tous remarquablement interprétés, à commencer par les deux principaux : Peter (incroyable Dirk van Dijck, avec sa barbe façon commissaire Broussard), pas loin de la retraite, aux méthodes old school et aussi un peu limites. Et Vicky (torturée et rayonnante Marie Vinck), jeune flic issue des forces spéciales, qui a dû raccrocher cagoule et tenue d’assaut au vestiaire, à la suite d’un accident de voiture lui ayant laissé le dos en compote, et qui s’avère aussi tête de mule que Peter.
La série étant en treize épisodes, et comme il y n’a que dix commandements, on gamberge très rapidement sur les éventuels trois autres, et bien entendu sur qui se cache derrière ce foutu Moïse : va-t-il finir par se faire choper ? Ou quelle erreur finira-t-il par commettre, vu que c’est un sacré malin ? On ne ne spoilera rien, mais on vous garantit qu’un « truc » (oui, on choisit ce mot, pour brouiller les pistes) bien tordu des fagots, au point d’en lâcher la télécommande, va vous maintenir scotché jusqu’à l’issue de cette sale affaire.
Bref, on a aimé, mais ça, ce n’est pas un spoil.
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