Une filmographie de la campagne à la ville, une réflexion sur la place de l’homme dans un monde qui bouge.
Jacques Tatischeff, dit Jacques Tati. Né en 1908 dans les Yvelines. D’abord encadreur et sportif, ensuite humoriste, acteur, réalisateur de courts, puis de longs métrages. Et toujours aussi sportif et encadreur d’esprit, tant ses films marient à la perfection les mouvements des corps et les limites physiques de l’écran. Les premiers mouvements sont ceux des hommes : boxeur (Soigne ton gauche, 1936), facteur à vélo (L’école des facteurs, 1947, dont il s’inspirera la même année pour son premier long métrage, Jour de fête), enfin Monsieur Hulot, personnage lunaire, cousin de Charlot et de Buster Keaton, qui promènera sa longue silhouette dans quatre films. Dans l’ordre : Les vacances de monsieur Hulot (1953), Mon oncle (1958), Play Time (1967), enfin Trafic (1971). Une brève filmographie (dont la dernière pièce sera Parade, en 1974) qui a mené Tati de la campagne à la mer, avant de le plonger dans la ville, et avec elle le progrès, l’architecture et les voitures, une modernité dans lequel l’homme a dû trouver sa place. Hulot avait su dénicher la sienne : "Il passait outre les conventions et opposait au monde étriqué ou trop vaste sa propre mécanique de joies humaines, remarque Macha Makeïeff [1]. La vie comme un dimanche, un jour de kermesse, un éloge de l’état de vacance."
Très inspiré par le burlesque, mettant à profit les développements technologiques pour travailler les sons (ses films sont sonores plus que parlants) et l’image (il tourne Play Time en 70 millimètres), faisant preuve d’un sens de l’observation étonnant [2], Tati s’est très vite imposé tant auprès du public que des critiques, dont, surtout, François Truffaut. Lequel croisera même les chemins, quelques secondes durant, de monsieur Hulot et d’Antoine Doinel dans Domicile conjugal. S’ils ne mettront pas un terme immédiat à la carrière du réalisateur, les problèmes financiers consécutifs au gigantisme de Play Time l’affecteront néanmoins durablement. Son dernier film, Parade, en deçà des autres, devra d’ailleurs se contenter d’une diffusion télévisée. Un César d’honneur couronnera tout de même l’ensemble de l’œuvre de Tati en 1977, cinq ans avant sa mort.
Filmographie
– Gai dimanche (1936)
– L’école des facteurs (1947)
– Jour de fête (1949)
– Les vacances de M. Hulot (1953)
– Mon oncle (1958)
– Play Time (1967)
– Trafic (1971)
– Parade (1974)