Dernier voyage
Le 6 mai 2010
Ce mélodrame relatant les déboires d’une ouvrière marque le retour de l’auteur de l’excellent Mariage de Tuya. Réaliste, sombre et pudique.
- Réalisateur : Wang Quan’an
- Acteurs : Yu Nan, Cheng Zhengwu, Zhao Luhan
- Genre : Drame
- Nationalité : Chinois
- Distributeur : Pretty Pictures
- Durée : 1h38mn
- Titre original : Fang zhi gu niang
- Date de sortie : 24 février 2010
– Montréal World Film Festival 2009 : Grand Prix spécial du Jury - Prix FIPRESCI
L’argument : Lily, ouvrière dans une usine de tissu, partage son temps entre son travail, son fils et son mari. Suite à un événement bouleversant, elle décide de partir seule en week-end à Pékin...
Notre avis : Prix FIPRESCI de la critique internationale et Grand prix spécial du jury au Festival des Films du Monde de Montréal 2009, ce mélodrame confirme, après Le mariage de Tuya, l’importance de son auteur dans la cinématographie asiatique. Le premier plan se veut-il un hommage aux Dardenne ? Lily, filmée de dos, marche à grands pas dans l’allée centrale de l’usine, se lamentant contre une déduction salariale sur son bulletin de paye : grande cousine chinoise de Rosetta, elle est également une ouvrière aliénée mais là s’arrête la comparaison avec la Palme d’or cannoise. En premier lieu, le style de Wang Quan’an insiste moins sur les cadrages et travellings caméra à l’épaule, et s’autorise des échappées semi-oniriques (les derniers souvenirs avant le dénouement tragique). En second lieu, si la dénonciation sociale est réelle (médecine à deux vitesses, paupérisation de certaines classes populaires face à une industrialisation à outrance, misère des petits commerçants), le cadre naturaliste, sans être un simple décor, permet vite au scénario d’explorer une piste alternative ; le récit prendra ainsi une voie autre, aussitôt révélée la nouvelle qui remettra en cause l’équilibre, déjà précaire, de la vie sentimentale et familiale de Lily, mal mariée, et mère d’un garçonnet qui ne lui témoigne que peu d’affection. À la recherche du temps perdu et d’un ancien amour, elle tentera un ultime retour vers une jeunesse révolue, teinté tant de mélancolie (la photo sur la plage) que de régression adolescente (les dragues en discothèque). Les ruptures de ton (l’éclat de rire de l’héroïne, poursuivie par un employé des chemins de fer alors qu’elle vient de manquer son suicide) sont ici admirablement rendues par l’actrice Yu Nan, vouée aux rôles de victime depuis Une famille chinoise. Tragique et banal, pudique et sensoriel, La tisseuse mérite mieux que l’indifférence critique et publique qui a entouré sa sortie.
© Pretty Pictures
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’Boo’Radley 25 février 2010
La tisseuse - la critique
Mélodrame à la chinoise où les situations accablantes se succèdent jusqu’à épuisement des 90 minutes. La paresse de la réalisation, excessivement contemplative, fait passer le film à coté des subtilités les moins enfouies du scénario (le drame ouvrier, les vestiges d’un amour de jeunesse). On ne retrouve le talent de l’auteur du "Mariage de Tuya" que dans un plan en rupture de ton, l’espiègle et énigmatique dernière image.