Beauté languide
Le 26 mars 2017
Beauté envoûtante et mystère impénétrable pour une expérience sensorielle magnifiquement troublante.
- Réalisateur : Mamoru Oshii
- Genre : Animation, Manga
- Nationalité : Japonais
- Distributeur : Dreamworks
- Durée : 1h40mn
- Titre original : Inosensu : Kôkaku kidôtai
- Date de sortie : 1er décembre 2004
- Festival : Festival de Cannes 2004
Résumé : Batou est un cyborg vivant. Son corps entier a été fabriqué par l’homme. Seules lui restent des bribes de son cerveau et le souvenir d’une femme. Dans un monde où la frontière entre humains et machines est devenue infiniment vague, les Humains ont oublié qu’ils sont humains. Voici la débauche du "fantôme" d’un homme solitaire qui néanmoins cherche à conserver son humanité.
Notre avis : L’ostracisme cannois n’est qu’un leurre : si effectivement ce second opus de Ghost in the shell introduit des notions complexes voire absconses, il n’en reste pas moins que le plaisir procuré est ici à son paroxysme. Sans doute parce qu’il y a plus d’audaces et de parti-pris. Présenté comme le prolongement de Ghost in the shell, Innocence préfère lover le spectateur dans une ambiance onirique, cotonneuse et mystique plutôt que de donner à comprendre une trame précise. Les dialogues ardus n’ont qu’un rôle intermédiaire et servent à appuyer la consistance d’un récit à la fois simple et sinueux.
Le seul défaut du film réside dans un jusqu’au-boutisme par trop abstrait à la fois dans le fond et la forme. La réflexion est tellement poussée et ambiguë qu’elle risque de dérouter ceux qui ne sont pas familiers avec les us et coutumes de la japanimation. Le résultat de cette combinaison binaire est simple comme une équation : la densité formelle s’exprime au détriment de la narration. Comme beaucoup de films de David Lynch, le principal n’est pas de comprendre mais de ressentir. Ainsi, il est préférable de prendre ce ballet superbe et symphonique comme une sorte de songe jamais éteint, où les images et la musique de Kenji Kawai finissent par ne faire plus qu’un.
C’est également une expérience sensorielle éblouissante. Visuellement, Oshii atteint un degré de perfection si rare que cela en devient troublant. L’atmosphère étrange installée durablement autour des personnages met en valeur une enquête ténébreuse qui provoque des hypothèses hasardeuses et des conclusions insolites (voir la dernière scène du film). Incidemment, elle donne lieu à de très grands moments de cinéma à l’instar de la visite de la Doll House dont la répétition enivrante fonctionne telles les différentes classes d’Avalon. Les aficionados ne seront pas déçus : Oshii s’adonne aux joies de l’autocitation, en recyclant sa thématique obsessionnelle à l’envi : le lien entre le réel et le virtuel, le rapport entre l’homme et la machine, la présence du chien symbole d’une humanité fuyante, une scène de préparation de bouffe pour chien... Ce pourrait être une pénible redondance, ce ne sont que des connotations exquises. Innocence est un gros et grand bloc où toute la virtuosité de l’artiste est exploitée à très bon escient et sans parcimonie, au service d’un film beau et fascinant qui laisse dans une béatitude languide.
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Sonia 2 décembre 2004
Innocence, Ghost in the shell 2 - la critique du film
La critique est assez juste. On se perd un peu dans les aphorismes qui pulullent, mais les images sont étonnantes de beauté... et la scène centrale est vraiment bluffante... je n’en dirai pas plus !
lehcym 4 décembre 2004
Innocence, Ghost in the shell 2 - la critique du film
Confirmation : un film d’une extraordinaire beauté et d’une intelligence rare au sein duquel Oshii a su, une fois de plus, éviter les écueils des clichés récurrents qui parasitent souvent la profondeur discursive de ce genre de reflexion. Innocence marque à la fois un renvoi au film précédent et une progression dans le discours. Sans doute l’autre film de l’année avec celui de Michel Gondry, Eternal Sunshine...
5 décembre 2004
Innocence, Ghost in the shell 2 - la critique du film
Critique géniale d’un film génial. Superbe, envoutant, incompréhensible et si beau ! l’un des meilleurs films vu cette année !!