Un dur labeur
Le 30 septembre 2014
Film de robots géants sans robot géants, Patlabor 2 est l’un des sommets de la filmographie de Mamoru Oshii, une œuvre profondément schizophrène, perdue entre objectifs commerciaux et auteurisme acharné.
- Réalisateur : Mamoru Oshii
- Genre : Science-fiction, Animation, Manga
- Nationalité : Japonais
- Durée : 1h53mn
- Titre original : Kidô keisatsu patorebâ: The Movie 2
- Date de sortie : 7 novembre 2012
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- Année de production : 1993
Film de robots géants sans robot géants, Patlabor 2 est l’un des sommets de la filmographie de Mamoru Oshii, une œuvre profondément schizophrène, perdue entre objectifs commerciaux et auteurisme acharné.
L’argument : En l’an 2002, devant la prolifération des robots Labor, une escouade Patlabor est créée afin d’empêcher l’utilisation de cette technologie par des criminels. La destruction, en Asie du Sud-Est, d’une équipe de Labor, est la déclaration d’une guerre terroriste mondiale. Désormais, l’escouade Patlabor doit protéger la ville de Tokyo, sous les ordres d’un responsable ambigu...
- © Kazé
Notre avis : Rien de pire pour un cinéphile que de se retrouver devant un film d’horreur sans menace, une comédie sans rires, un thriller sans suspense... C’est pourtant ce que nous propose Mamori Oshii dans Patlabor 2, dessin animé mettant en scène des robots géants qui ne sont en action qu’une poignée de minutes dans un film contemplatif qui semble comme dégoûté de la franchise à laquelle il appartient, pourtant relativement respectable. S’il est avant tout connu pour son travail sur Ghost in the Shell, Oshii a fait ses débuts dans les années 80, notamment avec le merveilleux L’Oeuf de l’Ange, chef d’œuvre autiste et impénétrable, à l’image de son auteur. Possédé malgré tout par l’envie de devenir un artiste mainstream, ce dernier participe à la création de la franchise multimédia Mobile Police Patlabor, calibrée pour plaire au grand public japonais passionné de robotique. Série télé, romans et mangas sont au programme, le tout sur un ton léger, même si la série propose néanmoins de solides récits d’anticipation.
Propulsé réalisateur du premier film, Mamoru Oshii livre une commande parfaitement bien exécutée. S’il n’est pas particulièrement ambitieux, Patlabor reste la meilleur tentative d’Oshii de se plier aux règles du divertissement à la japonaise. Après le succès du long-métrage dans les salles japonaises suivi par sa sortie en VHS dans le reste du monde, Oshii obtient le champ libre pour l’inévitable suite. Aidé par le scénariste Kazunori Itô, à qui l’on doit également le script de la trilogie Gamera des années 90, Oshii va créer avec Patlabor 2 un véritable affront à la saga et au concept même de cinéma commercial.
Situé dans le lointain futur de l’an 2002, Patlabor 2 se détourne volontairement de l’action et concentre son récit sur l’attente et la tension qui précèdent un conflit terroriste qui semble inévitable. Sur sa durée de 113 minutes, le long-métrage ne montre quasiment jamais l’escouade Patlabor. Quant aux personnages que vous appréciez depuis la série et le premier film ? Ils sont tous oubliés ou relégués au second plan. Si Oshii propose quelques scènes à suspense, celles-ci ne constituent en aucun cas le cœur du film, dévolu à la contemplation. Alarmée par une obscure menace terroriste, la ville de Tokyo devient fantomatique, vide de population et seulement hantée par des personnages en quête de sens, perdus dans l’attente du début d’une guerre qui n’arrive jamais. L’occasion pour Oshii d’enchaîner les monologues philosophiques, accompagnés par la musique envoûtante de Kenji Kawai. Scènes qui seront répétées dans Ghost in the Shell deux ans plus tard. On retiendra également la protagoniste Shinobu Nagumo, perdue dans les sphères misogynes du pouvoir tokyoïte. Un beau portrait de femme, nuancé et complexe.
Si la série des Ghost in the Shell est considérée à juste titre comme le sommet de la filmographie de Mamoru Oshii, Patlabor 2 contient déjà cet ADN et est peut-être l’œuvre la plus radicale de son auteur. Un film qui n’a aucune envie de s’ouvrir à ses spectateurs et où Oshii donne libre cours a ses pensées sur un sujet qui a toujours hanté sa filmographie, celui de l’approche inexorable d’un conflit pourtant flou et indéfini. Patlabor : The Movie 2 est donc sans conteste un incontournable de l’animation japonaise des années 90. À ne surtout pas approcher en attente d’action et de méchas mais pour savourer une grande histoire de science-fiction ainsi qu’une plongée sans concession dans l’esprit merveilleusement dérangé de Mamoru Oshii.
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