Boy A - la critique

L’argument : À 24 ans, Jack sort de prison où il a passé toute son adolescence pour un meurtre qu’il a commis lorsqu’il était enfant. Dès sa libération, Terry, assistant social, l’emmène le plus loin possible de ce scandale encore présent dans tous les esprits. Terry lui donne un autre nom, lui trouve un travail, une maison. Dans cette ville d’Angleterre qu’il ne connaît pas, Jack se construit une nouvelle vie à laquelle il tente de se tenir.

© Pyramide Distribution

Notre avis : Premier long métrage d’un jeune cinéaste britannique, Boy A est une adaptation littéraire qui séduit par le dosage subtil de documentaire social et de fluidité narrative et romanesque. Une habile construction en flash-back alterne les efforts de Jack pour se resocialiser par des instances intégratrices (la figure paternelle de l’éducateur, la nouvelle bande de potes, la petite amie, l’employeur), et des épisodes relatant le traumatisme d’un drame passé, qui ne le concerne plus mais le hante encore. Dans The Woodsman, Kevin Bacon, ancien pédophile, était rattrapé par ses pulsions ; l’originalité du présent récit est de montrer un ancien détenu complètement réadapté et racheté mais qui vit dans l’angoisse d’être reconnu par ses pairs. La tension dramatique qui s’ensuit (voir la scène de la bagarre le samedi soir) constitue ainsi le meilleur de Boy A. Sans doute regrettera-t’on certains passages plus convenus (la jalousie du fils de l’éducateur, le sadisme du camarade d’enfance) et un ton un peu lisse. Mais l’ensemble ne démérite guère et constitue une belle réflexion sur la stigmatisation et l’étiquetage appliqués par une certaine société ancrée dans ses certitudes et préjugés. Dans un second rôle en demi-teinte, Peter Mullan est impeccable ; quant à Andrew Garfield, il est l’une des révélations de l’année, dans une composition toute en nuances qui n’est pas le moindre atout de ce mélodrame digne de Ken Loach et Mike Leigh.