Besson mais pas trop
Le 8 septembre 2014
Nikita, Jeanne d’Arc, Angel-A, Les Aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec… Luc Besson aime les femmes qui ont du caractère. Il revient sur nos écrans avec The Lady, et pour la première fois de sa carrière, il s’efface un peu.
- Réalisateur : Luc Besson
- Acteurs : Michelle Yeoh, David Thewlis
- Genre : Biopic
- Nationalité : Britannique, Français
- Durée : 2h07mn
- Date de sortie : 30 novembre 2011
- Plus d'informations : http://www.europacorp.com/#/site/?&...
Nikita, Jeanne d’Arc, Angel-A, Les Aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec… Luc Besson aime les femmes qui ont du caractère. Il revient sur nos écrans avec The Lady, et pour la première fois de sa carrière, il s’efface un peu.
L’argument : The Lady est une histoire d’amour hors du commun, celle d’un homme, Michael Aris, et surtout d’une femme d’exception, Aung San Suu Kyi, qui sacrifiera son bonheur personnel pour celui de son peuple. Rien pourtant ne fera vaciller l’amour infini qui lie ces deux êtres, pas même la séparation, l’absence, l’isolement et l’inhumanité d’une junte politique toujours en place en Birmanie. The Lady est aussi l’histoire d’une femme devenue l’un des symboles contemporains de la lutte pour la démocratie.
Notre avis : Pour faire un film, Luc Besson a l’habitude de fouiller son imagination. Au début, ça fonctionnait plutôt. Le cinéaste a gravé son nom dans le paysage cinématographique français des années 1980, aux côtés de Leos Carax et de Jean-Jacques Beineix. Nul ne se cachait d’aimer Subway, Le Grand Bleu ou Nikita . Mais, depuis une quinzaine d’années, l’américanisation de son cinéma faisait grimacer, et ceux qui se revendiquent cinéphiles se sont détournés de lui.
De tous ses films, The Lady est celui qui porte le moins son empreinte. Passé la cinquantaine, Besson aurait-il trouvé une maturité soudaine ? Moins de manichéisme, plus de blague à deux sous, fini de céder au spectaculaire. Que lui est-il arrivé ?
Pour la première fois, Luc Besson n’est pas intervenu dans le scénario. Il s’est contenté de mettre en scène le travail de Rebecca Frayn, qui signe ses débuts au cinéma. Voilà pourquoi cette différence de ton est si marquée. The Lady surprendra tous ceux qui n’attendaient plus rien de Besson.
S’il fallait ancrer ce film dans une tradition de cinéma, le rayon des biopics s’imposerait, tout simplement. Mais Le Discours d’un roi nous a dévoilé en début d’année une nouvelle recette pour raconter la politique par les sentiments : adopter le point de vue de la famille. Aung San Suu Kyi n’est pas seulement le leader charismatique que nous connaissions déjà. L’héroïne engagée, couronnée d’un Prix Nobel pour la Paix en 1991, est aussi une mère de famille attentionnée, une épouse aimante, la fille d’un grand soldat trop tôt orpheline, courant au chevet de sa mère dès qu’on sollicite sa présence. Comme pour nous dire que, sous ses allures de martyre défendant la liberté seule contre tous, Aung San Suu Kyi est aussi une personne formidable dans la sphère intime. Mais avions-nous vraiment des doutes à ce sujet ?
Pourtant, la formule fonctionne : le spectateur enthousiaste se laissera prendre au jeu sans difficulté. Il sera même emporté par quelques scènes-clefs, notamment celle du prix Nobel où Aung San Suu Kyi, assignée à résidence, écoute la cérémonie à la radio, accompagnant au piano l’orchestre qui joue en son honneur. Mais si la performance d’acteur intéressait tout particulièrement Michelle Yeoh dans le rôle-titre, c’est surtout David Thewlis, dans la peau du mari, qui tire son épingle du jeu.
Que les détracteurs (et fans ?) de Luc Besson se rassurent, quelques défauts subsistent, notamment dans la mise en scène. Le Général Ne Win est peint comme l’archétype du dictateur fou et superstitieux, dézinguant froidement ses lieutenants dans son propre bureau, un pur moment Europa Corp. Les Birmans parlent presque tous anglais, sauf dans quelques scènes, destinées à montrer que Michelle Yeoh a fait l’effort d’apprendre un peu la langue. Et, même si le scénariste a changé, les complices habituels sont toujours là : Thierry Arbogast à la photo, Eric Serra à la musique. Pas de doute possible : The Lady est bien un film de Luc Besson. Mais pas trop.
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roger w 5 décembre 2011
The Lady - la critique
Meilleur que les plus récents films du cinéaste, The lady est avant tout un biopic classique qui bénéficie d’une excellente mise en place, d’une description plutôt efficace du régime birman et de l’action de la prix Nobel. Pour autant, la dernière partie du film n’échappe pas aux redondances, au pathos et au mélo, tandis que l’intrigue fait désespérément du "sur-place". Si David Thewlis est comme d’habitude excellent, Michelle Yeoh n’arrive pas à faire ressentir l’engagement de son personnage et se contente d’une présence de surface. Un ensemble moyen, donc.